Bourreau
domestique : la justice condamne la victime
Une femme de 66 ans vient d’être
condamnée en appel à dix ans de prison pour avoir tué son mari violent, en
2012. L’homme avait battu et violé pendant des années sa femme et ses filles.
Le
verdict de la cour d’assises du Loir-et-Cher, siégeant en appel, est révélateur
du mépris avec lequel sont encore considérées les femmes victimes de violences
conjugales.
L’avocat
général, dans son réquisitoire, a déclaré : « Aux violences de son mari,
elle aurait dû répondre par un acte proportionné, immédiat et nécessaire. Face
à un coup de poing qui se solde par trois jours d’ITT, elle tire trois balles.
» Peu importe pour ce représentant de la justice qu’il ne s’agisse pas d’un
seul coup de poing mais de vies entières, qu’une des filles ait exprimé son «
soulagement » après la mort de son père, qu’une autre ait témoigné : « Il
était sans pitié, c’était plus fort que lui », et la troisième : « Il
m’a détruite intérieurement, je n’arrive pas à tourner la page. »
Les
violences faites aux femmes demeurent fréquentes, y compris dans le cadre
conjugal où des épouses sous l’emprise de maris violents subissent leur
tyrannie. Les statistiques officielles donnent comme estimation minimale 216
000 femmes victimes de violences physiques ou sexuelles en 2014, dont seules
16 % ont porté plainte. Presque tous les trois jours, une femme meurt sous les
coups de son compagnon.
Alors
que le combat contre les violences conjugales est toujours à mener, ce
jugement dénie aux victimes le droit à la légitime défense, même dans les
situations les plus dangereuses.
Pierre MERLET
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