Un accord scélérat
Contrairement aux informations
répétées en boucle par certains médias, seuls trois syndicats ont ratifié
l'accord sur les retraites complémentaires. Cet accord oblige les salariés à
travailler un an de plus, jusqu'à 63 ans, pour toucher leur retraite complémentaire
sans décote. Le texte prévoit également un blocage du montant des pensions.
Cet
accord n'est pas destiné à "sauver les retraites complémentaires"
comme l'annoncent triomphalement les porte-parole du Medef, du gouvernement,
comme ceux de la CFDT et de la CFTC signataires, mais à réduire la part payée
par le patronat. Il n'est pas non plus "une liberté accordée aux
salariés", comme a osé déclarer Hollande, mais un grossier chantage sur le
montant des pensions. Il ouvre la porte à un nouveau report de l'âge de départ
en retraite.
On
nous parle à ce propos d'«avancée ». Mais des avancées comme celles-là sont de
vrais reculs. Il faut arrêter cela !
L’article
sur le sujet de notre hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine
Retraites
complémentaires : un accord contre les salariés
Les représentants du patronat et
des syndicats CFDT, CFTC et CFE-CGC doivent se rencontrer à nouveau le vendredi
30 octobre pour finaliser leur accord sur le financement des retraites
complémentaires des salariés du privé.
Pour
réduire le déficit des caisses Agirc et Arrco, creusé par le chômage et la
baisse des salaires, l’accord se résume à une série d’attaques en règle contre
les travailleurs.
C’est
le cas pour les retraités, qui vont voir le gel des pensions, en vigueur depuis
2013, prolongé pendant trois ans par le biais d’une sous-indexation des
augmentations, à 1 % en dessous de l’inflation officielle. Les revalorisations
éventuelles seront de plus repoussées d’avril à novembre, les rendant encore
plus dérisoires.
Mais
ce sont aussi tous les futurs retraités du secteur privé qui vont payer. Le
prix d’achat du point de cotisation, permettant le calcul du montant de la
retraite complémentaire, va augmenter de 8,5 % d’après la CGT. Cela veut dire
que, pour une vie de travail d’une durée identique, les salariés vont voir leur
pension baisser d’autant. À cela va s’ajouter un mécanisme de décote qui fera
qu’à partir de 2019 un salarié ayant l’âge requis pour partir à la retraite et
ayant cotisé tous les trimestres prévus devra travailler une année
supplémentaire pour toucher sa pension complémentaire complète. Sinon, elle
sera amputée de 10 % pendant deux à trois ans, soit une baisse de plus d’un
mois par an.
Dans
les faits, cela va signifier un nouveau report de l’âge de départ à la retraite
à 63 ans. Et encore, ce sera pour ceux qui ont toujours un emploi car, pour la
majorité des salariés qui sont au chômage au moment de partir en retraite, pour
tous ceux qui n’ont pas leurs trimestres de cotisation, c’est la baisse de
pensions déjà réduites qui va s’appliquer.
Après
Sarkozy qui avait repoussé à 62 ans l’âge du départ à la retraite en 2010,
après Hollande qui avait augmenté le nombre de trimestres de cotisation
nécessaires pour avoir une retraite de base complète en 2012, c’est au tour des
retraites complémentaires d’être rabotées par le patronat, avec la complicité
de certains syndicats et l’aval du gouvernement.
Valls
s’est réjoui de ce qu’il appelle un compromis équilibré. Dans la réalité, les 6
milliards d’économies prévus à terme par l’accord vont être entièrement payés
par les salariés. Les patrons, qui au cours de la négociation ont fait mine
d’accepter une légère hausse de leurs cotisations, ont reçu du gouvernement
l’assurance qu’elle serait entièrement compensée par une baisse de leur
contribution à la branche accidents du travail-maladies professionnelles de la
Sécurité sociale.
On
comprend mieux pourquoi Gattaz, toujours en train de hurler la bouche pleine, a
tenu à remercier le gouvernement lors de la conférence sociale tenue trois
jours après l’accord.
Gilles BOTI
Demain
lundi 2 novembre
France
2 : Interview de Nathalie Arthaud
Les 4
vérités
à 07h40
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