jeudi 26 novembre 2015

Etat d'urgence... contre les contestations. Un article de notre hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine.



Prolongation de l’état d’urgence : silence dans les rangs !

L’Assemblée nationale a voté à la quasi-unanimité, le 19 novembre, la prolongation pour trois mois de l’état d’urgence, le Sénat faisant de même le lendemain.
         Du FN aux députés Front de gauche, des Républicains au PS, en passant par la quasi-totalité des élus écologistes, tous ont voté le texte. Il n’a manqué que sept voix, six contre et une abstention, à l’Assemblée nationale. Au Sénat, douze sénateurs se sont abstenus, mais aucun n’a voté contre. C’est, paraît-il, le texte le mieux voté depuis 2002.
         Histoire de faire taire les réticences, les présidents des principaux groupes parlementaires s’étaient mis d’accord d’avance pour limiter les débats. La veille, un député socialiste avait opportunément déposé un amendement instaurant un « contrôle parlementaire », permettant ainsi aux députés du PCF de voter un texte qualifié de « fondé et nécessaire » par le député PCF André Chassaigne. Qu’importe si, comme l’a précisé Valls, ce contrôle parlementaire se résume à une simple « information du Parlement des mesures prises ». Seul le député Noël Mamère a protesté à la tribune contre l’état d’urgence.
         Poursuivant sur leur lancée, la quasi-totalité des députés ont voté les amendements durcissant les conditions de l’assignation à résidence ou autorisant la fermeture de sites Internet soupçonnés d’apologie de terrorisme, pendant que Valls se faisait applaudir en lançant que « la sécurité est la première des ­libertés » et que « d’autres libertés ont été ou peuvent être temporairement limitées ».
         Aucun n’a pourtant expliqué en quoi le fait de se passer de juges pour perquisitionner ou, pire, l’interdiction des manifestations permettait de lutter contre l’État islamique. Et puis, une fois les trois mois d’état d’urgence écoulés, que fera le gouvernement ? Le prolongera-t-il de nouveau, prétextant que la lutte contre Daech n’est pas terminée ? Il est vrai que les ténors de la droite réclamaient déjà sa prorogation pour six mois. Tous sont en compétition, et pas seulement pour les régionales de décembre.
         En fait, tous, et le gouvernement le premier, savent pertinemment que ces gesticulations ne protégeront en rien la population de nouveaux attentats. Par contre, les mesures sécuritaires seront utilisées contre ceux qui, ici, contestent sa politique ou s’opposent au patronat.
                                                                                 Jacques Le Gall

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