Prolongation
de l’état d’urgence : silence dans les rangs !
L’Assemblée
nationale a voté à la quasi-unanimité, le 19 novembre, la prolongation pour trois
mois de l’état d’urgence, le Sénat faisant de même le lendemain.
Du FN aux députés Front de gauche, des
Républicains au PS, en passant par la quasi-totalité des élus écologistes, tous
ont voté le texte. Il n’a manqué que sept voix, six contre et une abstention, à
l’Assemblée nationale. Au Sénat, douze sénateurs se sont abstenus, mais aucun
n’a voté contre. C’est, paraît-il, le texte le mieux voté depuis 2002.
Histoire de faire taire les réticences,
les présidents des principaux groupes parlementaires s’étaient mis d’accord
d’avance pour limiter les débats. La veille, un député socialiste avait
opportunément déposé un amendement instaurant un « contrôle parlementaire »,
permettant ainsi aux députés du PCF de voter un texte qualifié de « fondé et
nécessaire » par le député PCF André Chassaigne. Qu’importe si, comme l’a
précisé Valls, ce contrôle parlementaire se résume à une simple « information
du Parlement des mesures prises ». Seul le député Noël Mamère a protesté à la
tribune contre l’état d’urgence.
Poursuivant sur leur lancée, la
quasi-totalité des députés ont voté les amendements durcissant les conditions
de l’assignation à résidence ou autorisant la fermeture de sites Internet
soupçonnés d’apologie de terrorisme, pendant que Valls se faisait applaudir en
lançant que « la sécurité est la première des libertés » et que «
d’autres libertés ont été ou peuvent être temporairement limitées ».
Aucun n’a pourtant expliqué en quoi le
fait de se passer de juges pour perquisitionner ou, pire, l’interdiction des manifestations
permettait de lutter contre l’État islamique. Et puis, une fois les trois mois
d’état d’urgence écoulés, que fera le gouvernement ? Le prolongera-t-il de
nouveau, prétextant que la lutte contre Daech n’est pas terminée ? Il est vrai
que les ténors de la droite réclamaient déjà sa prorogation pour six mois. Tous
sont en compétition, et pas seulement pour les régionales de décembre.
En fait, tous, et le gouvernement le
premier, savent pertinemment que ces gesticulations ne protégeront en rien la
population de nouveaux attentats. Par contre, les mesures sécuritaires seront
utilisées contre ceux qui, ici, contestent sa politique ou s’opposent au
patronat.
Jacques Le Gall
Jacques Le Gall
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