Non à
l’union nationale, oui à l’unité des travailleurs
Ovationné tant par la droite que
par la gauche, Valls a donné le ton en déclarant solennellement devant
l’Assemblée Nationale : « La France est en guerre contre le
terrorisme, le djihadisme et l’islamisme radical ». Après avoir exploité
l’émotion suscitée par les attentats, la classe politique veut créer un climat
de guerre.
Non
seulement les interventions militaires de la France au Mali, en Centrafrique et
en Irak seraient justifiées mais il faudrait les intensifier et les étendre
peut-être à la Libye ! Il serait non seulement nécessaire de mener la
guerre à l’extérieur, mais il faudrait aussi la mener à l’intérieur, en renforçant
les mesures policières et judiciaires ! Quand les terroristes veulent
imposer leur loi par les armes et la terreur, les dirigeants dits
« démocratiques » imposent la leur en attisant les peurs et en
étouffant la critique au nom de l’union sacrée.
Eh bien,
non ! Il faut combattre la politique du gouvernement et lutter contre
celle des terroristes.
Les
terroristes sont des apprentis dictateurs. Ils utilisent les divisions
religieuses pour monter une fraction de la population contre une autre. Ils se moquent
de faire partager de prétendues convictions, ils cherchent à imposer leur
pouvoir par la terreur d’abord et avant tout sur ce qu’ils appellent leur
« communauté ».
Les
médias ont relayé les manifestations anti-Charlie au Pakistan, au Niger, en
Turquie ou en Algérie, confortant l’idée « d’un monde musulman » en
guerre contre la France. Mais il n’y a pas « un » monde musulman. Ni
l’Algérie, ni la Turquie, ni le Niger ne se résument aux quelques milliers de
fanatiques qui ont défilé.
Au
Pakistan, en Irak ou au Nigeria, les victimes des groupes islamistes sont
musulmanes autant que chrétiennes. Ce sont des paysans, des artisans, des
travailleurs pauvres, des femmes soumises à une oppression féroce et réduites à
l’esclavage. Ces djihadistes sont aussi corrompus et avides que ceux qu’ils
prétendent remplacer. Il ne s’agit pas d’un « choc des
civilisations » mais d’une lutte pour prendre le pouvoir et l’exercer
contre la population et les travailleurs.
Alors,
contre eux comme contre les racistes qui attisent les divisions, les
travailleurs doivent reconnaître une seule et unique communauté, celle des
travailleurs et des opprimés de tous les pays.
Il faut
combattre et les terroristes et la politique des grandes puissances qui les
enfante.
« Il
faut bombarder l’Irak et la Syrie pour éradiquer le terrorisme », nous
dit-on. C’était le même discours pour l’Afghanistan. Mais treize ans de guerre
n’ont pas fait disparaître les Talibans. En Irak, c’est même la guerre menée
contre le « terroriste » Saddam Hussein qui a fait naître et
prospérer les bandes djihadistes.
Les pays
riches sont responsables du chaos au Moyen-Orient et en Afrique. Ils sont
responsables du pillage, de la misère et des divisions qui y règnent. Pour
imposer leur domination, ils n’ont jamais hésité à s’appuyer sur les pires
régimes, que ce soit les dictatures moyenâgeuses comme l’Arabie saoudite ou
l’État d’Israël qui se fait le gendarme des intérêts des grandes puissances
occidentales dans la région.
Non aux
guerres impérialistes de la France et à l’ordre capitaliste qui nourrit le
terrorisme !
En
France, les appels à l’union nationale sont tout aussi pervers. Tous nous
parlent d’unité nationale, mais les réflexions racistes, les attaques contre
des mosquées et des musulmans se multiplient. Le rejet des immigrés et des
Français issus de l’immigration s’exprime de plus en plus ouvertement sans
qu’il n’y ait de levée de bouclier. Et quand Sarkozy et Le Pen expliquent que
l’immigration et l’Islam posent problème, ils encouragent les racistes.
Le
gouvernement s’inquiète qu’il y ait dans les quartiers défavorisés une minorité
de jeunes qui ne « comprennent » pas les valeurs de la République.
Mais dès leur plus jeune âge, ces jeunes sont victimes de l’inégalité, de
l’injustice et du rejet. Quand ils ne sont pas marginalisés par l’échec scolaire,
ils sont rejetés quand ils cherchent un emploi ou un logement. Et ce n’est pas
en construisant des prisons, en renforçant l’armée et la police, qu’ils auront
plus de perspectives.
L’exclusion,
le communautarisme et la barbarie naissent d’un ordre social injuste qui se
nourrit des inégalités et de l’exploitation et livre au chômage et à la misère
une grande partie de la population.
Au-delà
des différences d’origine, de nationalité et de religion, il est vital que les
travailleurs aient conscience de former une classe unie. Car seule leur lutte
pourra débarrasser la société du carcan capitaliste et apporter un début de
réalité aux aspirations de liberté, d’égalité et de fraternité.
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