Victimes
d’Ebola et du capitalisme
Après la mort d’un patient
libérien atteint du virus Ebola dans un hôpital du Texas et la contamination de
deux infirmières qui l’ont soigné, les États-Unis sont sur le pied de guerre.
Et depuis qu’une malade d’Ebola a été soignée en France, le moindre cas suspect
déclenche un emballement médiatique.
L’épidémie
a démarré il y a près d’un an en Afrique de l’Ouest, où on compte 4 500 morts.
Mais il a fallu que le virus atteigne les pays riches pour que leurs dirigeants
s’en inquiètent. Tant que les morts étaient Africains, ils en faisaient peu de
cas !
Aux
États-Unis ou en France, les gouvernements se veulent rassurants. Les hôpitaux
et le personnel seraient bien préparés pour empêcher toute épidémie. Mais il y
a la théorie, les protocoles, le matériel à double ou triple protection… et la
réalité.
À Dallas,
le patient libérien s’était présenté à l’hôpital avec tous les symptômes
d’Ebola. Il a été renvoyé chez lui avec des antibiotiques et du paracétamol. À
cause d’une erreur de diagnostic ? Sûrement. Mais aussi parce que c’est la
règle d’éconduire ceux qui n’ont pas d’assurance maladie, comme c’était son
cas.
En
France, cela ne se serait pas passé ainsi, nous dit-on. Mais on connaît la
pénurie dans les hôpitaux, l’insuffisance de personnel, la surcharge de travail
et les conséquences graves que cela peut entraîner.
Alors,
s’il y a une menace de contagion d’Ebola, même dans les pays riches, elle est
due au fait que nos systèmes de santé sont sacrifiés sur l’autel des économies.
Elle vient du fait que l’argent, les profits et le cours des actions sont
placés au-dessus de tout, y compris au-dessus de la santé publique.
C’est de
plus en plus vrai dans les pays riches, mais ça l’est à infiniment plus forte
raison dans les pays pauvres où l’accès aux soins est réservé à une petite
minorité et où l’on peut mourir d’un accouchement, d’une crise de paludisme, d’une
fièvre typhoïde, d’une plaie mal soignée et même d’une simple diarrhée.
Les
enfants, les femmes et les hommes qui meurent aujourd’hui d’Ebola en Guinée, au
Liberia et en Sierra Leone sont d’abord et avant tout les victimes de la loi
sans pitié du marché capitaliste. Une loi qui fait qu’il n’y a pas de vaccin
contre Ebola alors que le virus est connu depuis 1976 car, comme toujours, les
trusts pharmaceutiques n’ont pas voulu se pencher sur une maladie de la misère
trop peu profitable à leur goût.
Ce sont
encore les rapports de classe, les calculs de l’intérêt froid et égoïste, qui
font qu’aujourd’hui, malgré l’urgence de la situation, les grandes puissances
continuent de faire preuve d’une indifférence criminelle. Car malgré le
dévouement d’organisations humanitaire comme Médecins sans frontière, les
volontaires sur place sont complètement débordés.
À
Monrovia, capitale du Liberia, on n’arrive même pas à ramasser les cadavres
dans la rue. Il manque de tout, des moyens de communication, de transport, d’incinération.
Quand il faudrait isoler un malade, c’est tout le village ou le bidonville qui
est mis en quarantaine et livré à la maladie.
Certes,
Obama s’est engagé à envoyer 3000 hommes au Liberia. Mais il s’agit de
militaires, pas de médecins ou de personnel spécialisé, et aujourd’hui ils ne
sont que 550. Il a promis 17 centres de traitement de 100 lits chacun, mais pas
un n’a commencé à être installé.
Hollande
a annoncé l’installation d’un hôpital militaire en Guinée…, il n’a pas encore
vu le jour alors que Cuba, six fois moins peuplé que la France, a déjà envoyé
sur place plus de personnel médical !
Les
sommes annoncées par les grandes puissances sont insignifiantes en comparaison
des moyens militaires qu’elles déploient actuellement au Moyen-Orient pour surveiller
et bombarder la région. Mais voilà, leurs intérêts au Moyen-Orient, le pétrole
et leur influence économique comptent, pas la vie de dizaines de milliers
d’Africains !
Le
Liberia, la Guinée ou le Sierra Leone ne comptent que 2 médecins pour 100 000
habitants, 200 fois moins qu’en France. L’espérance de vie y est de 25 ans
inférieure à la nôtre, l’accès à l’eau y est un combat quotidien. Qu’Ebola s’y
propage n’est pas un hasard. Mais contre cette misère, il n’y pas de grande
« coalition », de branle-bas de combat et d’équipements
ultrasophistiqués.
L’épidémie
d’Ebola qui tue aujourd’hui en Afrique et menace de tuer ici demain n’est pas
« naturelle ». Elle est le produit du sous-développement. Les
victimes ne meurent pas que du virus, mais des rapports sociaux capitalistes
fondés sur la domination des pays riches et des intérêts privés d’une minorité
qui livrent la moitié de l’humanité au dénuement le plus total
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