Plusieurs milliers de Chercheurs ont manifesté ce
vendredi à Paris. Sur la colère de ceux qui dénoncent la grande misère de la
Recherche dans le pays, voilà ci-dessous un article de notre hebdomadaire Lutte
Ouvrière de la semaine passée.
Contre le manque de
financement et la précarité : les chercheurs se mobilisent
À l'initiative de scientifiques montpelliérains, une marche
sur Paris a commencé « pour la recherche et l'enseignement
supérieur ». Sous le nom de « Sciences en marche », elle devrait
aboutir à une manifestation dans la capitale le 17 octobre.
À
cette occasion, des réunions de plusieurs dizaines de personnes se sont tenues
dans de nombreux laboratoires et universités pour dénoncer la diminution des
moyens que l'État met à la disposition de la recherche publique. Ce mouvement
conteste en particulier la généralisation des CDD comme seul débouché pour un
nombre croissant de techniciens, ingénieurs et chercheurs.
Il
conteste aussi le choix du gouvernement d'arroser les grandes entreprises avec
six milliards d'euros d'argent public provenant du crédit impôt recherche
(CIR), pratiquement sans leur demander de comptes.
C'est
tout le contraire pour les laboratoires de la recherche publique, qui ont de
moins en moins de financements assurés. Depuis des années, les grands organismes
de recherche, les universités, le CNRS, l'Inserm... n'assurent pratiquement
plus que le salaire d'un nombre limité de personnels statutaires et la mise à
disposition de locaux. Il n'y a presque plus d'argent pour le fonctionnement
quotidien de nombreux labos. Pour financer leurs projets, les chercheurs
passent de plus en plus de temps à monter des dossiers complexes de
financement, sans assurance de succès. L'Agence nationale de la recherche,
instituée en 2005 pour financer la recherche « sur projets », est
venue de plus en plus remplacer la dotation de base des laboratoires. Or son
budget d'intervention a diminué de 12 % cette année. Et alors qu'elle
était supposée financer au moins 25 % des demandes de projets, elle n'a
financé récemment que moins de 9 % de ceux qui lui étaient soumis.
Cette
course permanente aux financements, le plus souvent vaine, entraîne la
précarisation croissante des emplois dans ce secteur et fait peser sur les
personnels précaires la menace constante du non-renouvellement de leur contrat
de travail. En 2013, selon les chiffres officiels, 34,5 % des personnels
de la recherche publique et de l'enseignement supérieur n'étaient pas des
titulaires. Mais ce n'est qu'une moyenne et cela ne tient pas compte des
étudiants en thèse. Ainsi, sur la trentaine de chercheurs de l'unité I-Stem
(cellules souches) de l'Inserm, seul un tiers a un emploi statutaire, un autre
tiers est en CDD et le dernier tiers est composé d'étudiants-chercheurs.
Lors
d'une rencontre le 24 septembre avec la secrétaire d'État Geneviève
Fioraso, les initiateurs de la marche ont souligné qu'une somme ne représentant
que 5 % du CIR permettrait de financer environ 4 000 emplois
permanents dans la recherche publique. Ils n'ont pas encore obtenu satisfaction
et préparent à présent la manifestation du 17 octobre. Ils l'espèrent
suffisamment massive pour faire savoir au gouvernement qu'il faut en finir avec
l'appauvrissement de leurs laboratoires.
Lucien DÉTROIT
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