Union
européenne : Harmoniser les droits des travailleurs... par le haut !
Depuis
des décennies que l'Union européenne se construit, rien n'a été fait pour
harmoniser, par le haut s'entend, la législation du travail. Il n'y a pas de
salaire minimum, pas de protection sociale ni de droit du travail qui
s'applique à l'ensemble des travailleurs européens. C'est même plutôt l'inverse
: si l'unification se fait, c'est par le bas. Partout, les gouvernements aident
les banquiers en prétendant sauver les peuples. Partout, pour maintenir les
profits des grandes entreprises, ils imposent des politiques d'austérité à la
majorité de la population. Et partout, les entreprises licencient et ferment
des usines.
Si
vingt et un pays de l'Union européenne sur vingt-huit ont un salaire minimum
légal, il varie de moins de 175 euros mensuels (et encore s'agit-il du
montant brut) en Bulgarie à plus de 1 900 euros au Luxembourg, soit une
fourchette de 1 à 11. L'Union européenne a créé un espace commun pour la
circulation des capitaux et des marchandises, il n'en va pas de même pour le
niveau de vie des travailleurs. Pire, ou plutôt mieux si on parle des intérêts
des capitalistes, une directive européenne, la directive Bolkenstein, permet
aux patrons de faire de sérieuses économies sur les salaires versés aux
travailleurs dits « détachés » en ne payant que les cotisations sociales en
usage dans le pays d'origine de ces salariés.
Pour ce
qui concerne le temps de travail, l'Europe a fourni au patronat un prétexte
pour un retour en arrière, en autorisant des semaines de travail de 60 voire 65
heures. Si les textes mentionnent la nécessité de « l'accord du salarié », on
imagine ce que peut signifier le refus d'un tel accord dans une période où le
chômage ne fait que croître.
Pour
l'instant, les patrons sont les seuls à tirer vraiment profit d'une union qui
est celle des capitalistes et des banquiers. Et ceux-ci veulent continuer à
tirer profit des divisions et de la concurrence qu'ils entretiennent entre les
travailleurs.
Une
véritable Union des peuples européens serait tout autre chose. Dans une
fédération de pays où les frontières seraient effacées, dont les habitants
pourraient circuler librement, l'injustice profonde de cette division entre
ceux qui vivent de leur travail et ceux qui vivent du capital, de ceux qui
produisent toutes les richesses et ceux qui les exploitent, devrait être
bannie, en même temps que toutes les inégalités sociales.
Cette
Europe-là, ce ne sont certes pas les capitalistes qui aujourd'hui dirigent
l'Union européenne qui la construiront, mais la classe ouvrière. Et même dans
l'Union européenne actuelle, c'est la lutte pour l'unification par le haut des
conditions sociales qui devrait être mise à l'ordre du jour. Au début du
20e siècle, la classe ouvrière a mené dans différents pays des luttes pour
imposer un salaire horaire minimum, la journée de huit heures, des conventions
collectives nationales. Pourquoi une telle lutte ne pourrait-elle pas avoir
lieu aujourd'hui, à l'échelle du continent, pour un salaire minimum européen et
pour bien d'autres objectifs ?
Oui,
cette lutte-là est à mener, et ce serait bien le début du combat pour une
véritable union des travailleurs d'Europe.
Sophie
Gargan
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