Les
50 milliards d'économies de Hollande-Valls : un programme
d'appauvrissement de la population
Mardi
15 avril, le nouveau Premier ministre, Valls, a transmis au Haut Conseil
des finances publiques le détail de son plan de 50 milliards d'économies à
réaliser en trois ans sur les dépenses de l'État.
Le Haut
Conseil des finances publiques, rattaché à la Cour des comptes, a été mis en
place par Hollande le 23 mars dernier. Il est censé témoigner de la
volonté du gouvernement de respecter ses engagements de réduction du déficit,
autrement dit, ne pas déroger à sa politique d'austérité. Il devrait rendre son
avis sur le plan d'économies de Valls le 22 avril.
Dans
son discours du 8 avril à l'Assemblée, et dans les commentaires qui l'ont
suivi, Valls a été très précis et concret quand il s'est agi d'énumérer ses
cadeaux au patronat. Mais il est resté beaucoup plus discret sur les sacrifices
qu'il allait demander à la population. Il s'est borné à expliquer que, sur les
50 milliards d'euros d'économies à réaliser, 19 milliards le seraient
sur les dépenses de l'État, dix milliards sur le budget de l'Assurance-maladie,
dix milliards sur les dotations aux collectivités locales, elles-mêmes déjà
amputées de 1,5 milliard par an par le gouvernement Ayrault. Le reste,
soit 11 milliards, serait économisé sur « notre système de
prestations ».
Interrogé
par des journalistes, Valls a admis que les hôpitaux étaient dans le
collimateur, sans autre précision que... son intention de promouvoir la
chirurgie ambulatoire et de « rationaliser l'offre de santé ».
Autrement dit, mais ce n'était évidemment pas dit, il s'agirait de continuer et
même d'amplifier la suppression de lits, de services, d'hôpitaux.
Compte
tenu de l'objectif de réduction des dépenses annoncé, et de l'orientation
propatronale du gouvernement, tous les services publics utiles à la population,
ceux de l'État et ceux des collectivités locales, qui ont déjà été largement
mis à contribution, le seront à nouveau nécessairement. La presse, entre autres
hypothèses, évoque le maintien du gel de l'évolution des salaires des
fonctionnaires de l'État et des collectivités locales, la réduction de leur
nombre, y compris dans l'éducation.
En ce
qui concerne les prestations sociales, il est envisagé de désindexer en tout ou
partie les allocations familiales, allocations chômage, allocations logement,
etc., de l'évolution des prix, ce qui reviendrait à programmer, lentement mais
sûrement, leur baisse progressive. La méthode a été utilisée cette année par le
gouvernement pour les pensions de retraite, dont la revalorisation pour tenir
compte de l'inflation a été retardée de six mois.
Le
détail du plan d'économies Hollande-Valls ne sera pas connu avant le
23 avril, date prévue pour sa présentation au Conseil des ministres. Mais,
quelles qu'elles soient, ces économies ne manqueront pas de se traduire pour de
nombreux travailleurs, chômeurs, retraités, par un surcroît de difficultés,
voire de misère. Car, d'une façon ou d'une autre, ces 50 milliards seront
prélevés sur leurs ressources ou sur des services dont ils bénéficient.
Le
gouvernement invoque, comme toujours, la nécessité de réduire le déficit du
budget. En fait, ces économies, ces sacrifices supplémentaires que le
gouvernement veut imposer à la population sont destinés à financer les baisses
de cotisations sociales, les crédits ou les baisses d'impôt, etc., c'est-à-dire
tous les cadeaux promis aux grands patrons et aux banquiers. C'est l'autre
volet du pacte de responsabilité, qui revient à faire combler par la masse de
la population le trou creusé par le gouvernement dans le budget de l'État en
faveur des plus riches.
Jean-Jacques
LAMY
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