dimanche 16 février 2014

Les fonctionnaires en ligne de mire : un article de Lutte Ouvrière de cette semaine

Fonctionnaires : le gouvernement veut s'en prendre aux salaires 

François Hollande a réuni plusieurs de ses ministres samedi 8 février, pour chercher les moyens de financer les 50 milliards de cadeaux qu'il offre au patronat. Quelques jours auparavant, selon deux quotidiens, Vincent Peillon aurait suggéré de geler pendant deux ans les avancements de tous les fonctionnaires, et non seulement ceux des enseignants dont il est le ministre. Comme il fallait s'y attendre, Peillon a aussitôt démenti l'information, qui tombait mal à sept semaines de la première échéance électorale.
     Si aucune mesure concrète n'a été rendue publique après cette réunion, l'idée est cependant de trouver l'argent en rognant sur les dépenses des ministères. Baisser les salaires des quelque cinq millions de fonctionnaires, en gelant, ou tout du moins en ralentissant, leur progression de carrière, est très probablement une des pistes envisagées, et que l'on risque de voir ressurgir dans quelques mois.
      Contrairement aux campagnes régulièrement orchestrées, les fonctionnaires sont loin d'être des privilégiés. Pour la quatrième année consécutive, ils subissent le gel du point d'indice qui sert de base au calcul du salaire. Autrement dit, leur rémunération ne suit plus la hausse des prix. Le syndicat FSU a calculé que, depuis 2000, le point d'indice a perdu 13 % de sa valeur, ce qui a entraîné un recul de 16 % de la valeur réelle des salaires. En 2011, dernier chiffre connu, le salaire moyen a même officiellement baissé de 0,1 % pour la fonction publique d'État, de 0,6 % pour le secteur hospitalier et 0,8 % pour la fonction publique territoriale.
      Les plus touchés sont les agents de catégorie C, personnel de service, technique ou administratif, dont le salaire se situe aux alentours du smic. Fin 2011, lors de la revalorisation du smic, 900 000 fonctionnaires, soit près d'un sur cinq, auraient même vu leur salaire passer sous cette barre si l'État ne leur avait pas versé une prime exceptionnelle et n'avait pas ajouté des échelons intermédiaires dans la grille des salaires, pour éviter d'être dans l'illégalité.
     Depuis quatre ans, donc, la seule revalorisation salariale pour les fonctionnaires provient des changements d'échelon dus à l'ancienneté, tous les quatre ou cinq ans environ, et qui font qu'en moyenne, mais en moyenne seulement, leur pouvoir d'achat ne régresse pas plus. Malgré tous les démentis que le gouvernement peut faire, c'est cet avancement automatique qu'il a actuellement dans sa ligne de mire pour faire des économies budgétaires,
      La grande majorité des fonctionnaires ne sont donc pas logés à meilleure enseigne que les autres catégories de travailleurs. Même la sécurité de l'emploi, présentée comme une contrepartie des bas salaires, n'est plus assurée pour tous, tant le nombre de contrats précaires a augmenté. Leur problème est celui de toutes les catégories de travailleurs : obtenir une revalorisation générale des salaires et l'échelle mobile pour les garantir de l'inflation.

                                                                             Marianne LAMIRAL

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