Le bureau du sénat vient à la majorité de refuser la levée de l'immunité parlementaire du sénateur Serge Dassault. Le sénat est à majorité dite de "gauche", PS, PCF, Radicaux et Verts. A propos de Dassault, ci dessous, un article de l'hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine.
Corbeil-Essonnes : le pourrissement du système
Dassault
L'affaire
Dassault continue de faire des vagues. La dernière en date ? Une plainte
pour association de malfaiteurs a été déposée auprès du parquet d'Évry contre
Serge Dassault, sénateur UMP, industriel multimilliardaire, ex-patron du
Figaro, le maire de Corbeil, Jean-Pierre Bechter, et un diplomate marocain en
poste à Paris... par Fatah Hou, victime d'une tentative d'assassinat par l'un
des hommes de main de Dassault, aujourd'hui en prison.
Fatah Hou faisait chanter Dassault avec un
enregistrement clandestin compromettant où on entendait l'industriel
reconnaître avoir versé des dons d'argent massifs pour services rendus, à son
homme de main Younes Bouanara... et dire qu'il ne voulait plus rien payer. Pour
faire taire cet apprenti maître chanteur dont les parents sont nés au Maroc,
Dassault n'a pas hésité à solliciter les services de l'État marocain par
l'intermédiaire d'un diplomate en poste à Paris. L'objectif de l'opération
était d'intercepter Fatah Hou à la descente de l'avion lors d'un retour au
Maroc.
Que Dassault puisse faire appel à la
police d'un État étranger pour régler ses affaires personnelles n'est pas pour
surprendre. C'est le comportement d'un milliardaire mafieux qui pense pouvoir
tout acheter et tout corrompre. Et si le fameux plan concocté par Dassault et
ses acolytes de la mairie de Corbeil a échoué, c'est tout simplement que,
entre-temps, le témoin gênant a été blessé par balles... dans les rues de
Corbeil.
Il est difficile de nier l'évidence, et
cela d'autant que les preuves et les témoignages accablants s'accumulent contre
lui. L'un des anciens adjoints de Dassault vient tout juste de reconnaître
publiquement qu'il distribuait des enveloppes sur ordre du cabinet du maire.
Dassault ne réfute donc plus les faits, il joue seulement les innocents et
avance la carte du patron philanthrope, naïf, victime de sa générosité et
surtout d'« un racket organisé ». Et le recours à la police marocaine
qui avait été envisagé pour museler un témoin gênant ? Une simple
« aide » pour « raisonner » un jeune trop entreprenant,
bien sûr !
Mercredi 8 janvier, le Sénat devait
examiner une demande de levée d'immunité parlementaire afin que les juges
puissent entendre Dassault dans le cadre d'une garde à vue, suite à une autre
plainte. Rappelons seulement que, en juillet dernier, le Sénat, à majorité de
gauche, avait refusé de lever l'immunité du sénateur UMP de l'Essonne !
Toute l'affaire Dassault et ses multiples
rebondissements, de la corruption généralisée aux règlements de comptes entre
hommes de mains et, jusqu'à la demande d'intervention de la police marocaine,
illustrent bien l'état de pourrissement avancé d'un système mafieux, mis en
place par un grand bourgeois qui a voulu, à coups de millions, se payer un
fauteuil de maire !
René CYRILLE
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