« L’impôt saigne le
malheureux » (l’Internationale)
Le pays sera-t-il privé de foot
pendant tout un week-end ? Voilà l’angoissante question qui a préoccupé la
presse la semaine dernière devant la menace de grève des footballeurs
professionnels. Mais, attention : la menace ne vient pas des footballeurs
du rang, des fantassins du football professionnel. Elle ne vient pas non plus
de ses enfants gâtés, ces quelques dizaines de stars qui gagnent en un an l’équivalent
de 500 ou de 1000 années de smic !
Non, la menace de grève émane des
présidents et des actionnaires de ces entreprises de spectacle que sont les
grands clubs vedettes.
La raison : la taxe que ces clubs
devront payer pour leurs joueurs, entraîneurs et dirigeants qui touchent plus
d’un million d’euros par an. Un projet qui soulève tant d’indignation dans ce
milieu que Hollande a éprouvé le besoin de les recevoir à l’Élysée dans les
jours qui viennent.
« Cette taxe est totalement inique et
scandaleuse », déclare Michel Seydoux, président du club de Lille, et
d’ajouter « on veut taxer les pauvres à la place des riches » !
L’indignation ne manque pas de sel venant d’un homme qui fait partie d’un des
plus riches clans bourgeois, héritier Schlumberger et grand patron dans la
production cinématographique !
Les autres présidents de club qui ont voté
à l’unanimité pour mettre leurs footballeurs en grève sont du même acabit. Sans
parler de l’émir du Qatar, propriétaire du PSG, d’un des plus riches oligarques
russes, propriétaire de Monaco, les autres sont pour la plupart issus de ces
grandes familles bourgeoises qui achètent un club de foot et ses joueurs comme
leurs grands-pères achetaient un haras avec des chevaux de course... Tel par
exemple feu Robert Louis-Dreyfus, une des grandes fortunes mondiales acquise
grâce à la spéculation sur les produits alimentaires, qui avait acheté
l’OM. Et parmi les propriétaires de ces clubs si « pauvres », il
y a Peugeot pour celui de Sochaux, Pinault pour Rennes.
Face à ce lobby du football, Ayrault a
levé le menton pour clamer qu’il ne cèderait jamais.
On pourrait rire de ce jeu de rôle entre
le gouvernement et le lobby du foot, ou s’en détourner avec dégoût. Mais, bien
au-delà de cette mascarade, l’affaire nous concerne. Pendant que les
informations se partagent pour ou contre les ligues de foot, le matraquage
fiscal continue. Il ne s’agit pas du prétendu matraquage fiscal dont se
plaignent les plus riches qui, comme toujours, pleurent la bouche pleine alors
qu’ils sont favorisés par le gouvernement, celui en place tout aussi bien,
voire plus, que le précédent.
Le véritable matraquage fiscal concerne
les classes laborieuses, les salariés y compris les plus pauvres et, plus
généralement, tous ceux dans les classes populaires qui vivent de leur travail.
Le véritable matraquage fiscal est la hausse au 1er janvier 2014 de la Tva,
l’impôt le plus injuste qui soit parce qu’il frappe indistinctement au même
taux les millionnaires et les chômeurs ou les SDF.
Le véritable matraquage fiscal, c’est
aussi l’ensemble des mesures décidées en douce qui font que d’un seul coup près
d’un million de ménages (petits salariés et retraités) qui ne payaient pas
d’impôt sur le revenu sont devenus imposables. Avec les conséquences qui en
découlent comme la perte de certaines allocations et la suppression de
l’exemption de la taxe d’habitation.
Et même l’écotaxe, décidée par le
gouvernement Sarkozy et reprise par le gouvernement Ayrault, contre laquelle
des manifestations ont eu lieu ce week-end en Bretagne, si elle concerne aussi
les grosses entreprises elle frappe surtout les petites et les artisans. Elle
sera aussi en fin de compte payée par les consommateurs sur lesquels la hausse
de prix sera répercutée.
On nous dit que tout cela est nécessaire
car il s’agit de financer les services publics utiles à tous. La mauvaise
blague : dans les services publics, on inclut aussi le coût de l’armée, de
l’armement et de toutes les guerres de brigandage menées au Mali ou ailleurs.
Et, par les temps qui courent, on paie surtout les cadeaux au grand patronat et
les intérêts faramineux que les banques prélèvent sur un État endetté jusqu’au
cou... pour avoir, pourtant, emprunté pour aider ces mêmes banquiers.
Alors, la seule politique fiscale
juste du point de vue des exploités serait la suppression des impôts indirects,
sauf sur des produits de luxe que seule la bourgeoisie achète ; et que
l’impôt sur le revenu ne s’applique justement qu’au revenu, c’est-à-dire ce qui
est tiré de l’exploitation par le biais du capital.
Un salaire n’est pas un revenu. C’est
la rétribution d’un travail réel, rétribution déjà amputée par la plus-value
prélevée pour le profit capitaliste.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire