Thierry
Peugeot, représentant de la dynastie du même nom, s’est répandu en lamentations
dans la presse. Accusé d’avoir menti, il s’insurge. Il ne faudrait pas “dépasser
les limites”, a-t-il dit. Alors, quand un grand patron comme lui et son
état-major décident de rayer de la carte toute une usine en Seine-Saint-Denis
et de supprimer 8 000 emplois d’un coup, sans compter les emplois induits, sans
compter tous ceux qui, commerçants, médecins etc…, vivent de la clientèle
ouvrière, ce serait dans les “limites”. Mais contester une telle décision ne le
serait pas ! Traiter de menteurs des gens qui pendant des mois, voire des
années, ont nié vouloir fermer leur usine d’Aulnay-sous-Bois, ce serait, à les
entendre et à entendre ces experts, ces politiciens qui se précipitent à leur
secours, un crime de lèse-majesté et même un mauvais coup contre “notre”
économie.
En dépit de leurs dénégations,
répétons-le, ces gens-là sont de grossiers menteurs. Ils mentent à leurs
ouvriers, à toute l’opinion, mais aussi aux autorités fiscales françaises, par
ailleurs guère curieuses à leur égard, en camouflant leur magot sur des comptes
secrets, dans les paradis fiscaux. Pour ne prendre qu’un exemple qui avait
défrayé la chronique il y a deux ans, un rejeton de la famille, Robert Peugeot,
s’était fait dérober 500 000 euros en lingots d’or qu’il détenait dans un
coffre. On avait appris alors que ces lingots n’avaient été déclarés qu’au
tiers de leur valeur.
Mais ils sont pires que des menteurs, ce
sont des affameurs. Comment qualifier autrement leur décision qui va priver des
dizaines de milliers de familles de leur seul revenu, un salaire qui les fait
vivre ? Cette famille Peugeot n’est pas la seule à sévir. Le catalogue de
ces patrons malfaiteurs, licencieurs, se remplit. On y trouve Air-France,
Sanofi, le volailler Doux, pour ne prendre que les entreprises les plus
connues. Mais des milliers d’autres suppressions d’emplois sont annoncées,
auxquelles vont s’ajouter celles qui sont encore dans les cartons.
C’est que la crise continue de plus belle.
Et le patronat, partout en France, a un projet simple et clair : faire
payer les conséquences de cette crise aux travailleurs et aux classes
populaires. Quand ses affaires sont florissantes, il se garde bien de partager
les fruits de la prospérité avec les salariés. Mais quand elles sont un peu
moins bonnes, loin de réduire son appétit, c’est aux salariés qu’il veut serrer
la ceinture, avec la complicité de toute une cohorte de prétendus experts, de
journalistes et de politiciens de droite, mais aussi de gauche, qui expliquent
qu’il n’y a pas d’autres choix possibles et que l’heure est à l’union de tous.
Mais bien sûr qu’il y a un autre
choix ! Peut-être pas pour mettre un terme à cette crise, mais au moins
pour empêcher que ce soient les classes populaires, qui n’ont eu aucune
responsabilité dans son déclenchement, qui en fassent les frais.
Aux calculs du patronat, épaulé par le
gouvernement, il faut que le monde du travail oppose son propre plan de lutte,
qui peut se résumer en quelques lignes.
En premier lieu, il faut imposer
l’interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous sans
réduction de salaire. Il faut que les travailleurs et leurs organisations
puissent disposer du total libre accès à tous les comptes des patrons et de
leurs gros actionnaires afin qu’on puisse vérifier leurs déclarations et du
même coup détecter tous leurs mensonges. Ce qui se passe en ce moment avec PSA
illustre l’actualité et l’urgence de ces exigences.
Le gouvernement socialiste qui dispose
pourtant de tous les pouvoirs pour légiférer ne fait rien dans ce sens, se
contentant de recevoir à la queue-leu-leu les membres de l’état-major de
Peugeot pour, dit-il, s’informer sur la situation réelle de l’entreprise. Comme
s’il l’ignorait !
Mais ce que le gouvernement se refuse de
faire, les travailleurs peuvent l’imposer par la lutte.
Certes, en cette fin juillet, la période
des congés n’est pas la plus favorable pour organiser les luttes. Mais on peut
mettre à profit ce répit qu’impose à tous les travailleurs la période des
congés pour préparer la façon dont, à la rentrée, on pourra mettre
collectivement un coup d’arrêt à l’offensive dévastatrice du patronat.
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