Communiqué de Lutte
Ouvrière du 17 juin à 21 h concernant le 2e tour des élections législatives
Hollande
a donc la majorité parlementaire qu’il voulait. Le Parti socialiste a même, à
lui seul, la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Entre la présidence de la République, le
gouvernement, l’Assemblée nationale et le Sénat, il a donc la totalité des
pouvoirs politiques dans le cadre des institutions.
Les travailleurs n’ont pourtant pas à se
faire d’illusions.
La gauche ne se servira pas de ce pouvoir
pour protéger les travailleurs, les salariés, les couches populaires, dans
cette période de crise. Avec la fin de la campagne électorale, s’achève même le
temps des quelques gestes symboliques qui ont précédé le deuxième tour des
législatives.
Non seulement le futur gouvernement
laissera les mains totalement libres au grand patronat pour licencier, pour
fermer des entreprises considérées comme non rentables, pour abaisser les
salaires, mais il prendra lui-même des mesures d’austérité qui, même décidées
par la gauche, viseront les classes populaires tout autant que les mesures
d’austérité de la droite.
Il ne peut pas en être autrement dans le
cadre des institutions étatiques qui sont en place pour servir les intérêts de
la bourgeoisie et avant tout de ses couches les plus riches.
Dans cette période de crise de l’économie
capitaliste, plus que jamais les intérêts des exploiteurs capitalistes et ceux
des salariés exploités sont totalement opposés. Préserver les profits, les
revenus du capital, c’est aggraver les conditions d’existence des salariés.
Cette
aggravation n’est cependant pas une fatalité. La classe ouvrière a les moyens
de s’y opposer par ses luttes collectives. Ces luttes que l’avidité du grand
patronat finira par déclencher ne pourront être pleinement efficaces que si les
travailleurs prennent conscience que leurs intérêts s’opposent complètement à
ceux de la grande bourgeoisie. Ils ont le droit de mettre en avant les
objectifs indispensables pour préserver leur emploi et le pouvoir d’achat de
leur salaire, leur seul moyen d’existence, quoi qu’en disent les hommes
politiques qui servent l’ordre capitaliste.
Pour résorber le chômage, il faut imposer
la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire et
l’interdiction des licenciements collectifs. Pour préserver le pouvoir d’achat,
il faut l’indexation automatique des salaires et des retraites sur les prix,
l’échelle mobile des salaires.
Les élections terminées, ces objectifs
vitaux restent à imposer. Ils sont incontournables pour empêcher le grand
patronat et les banquiers, avec la collaboration du gouvernement, de pousser
vers la pauvreté une partie croissante de la classe sociale dont le travail
fait tourner l’économie. À la bourgeoisie et à ses porte-parole politiques qui,
de la droite à la gauche, invoquent le manque de moyens du fait de la crise ou
le montant de la dette publique, il faut opposer l’exigence de rendre publics
et contrôlables les comptes de toutes les entreprises, de toutes les banques.
Seule la fin du secret des affaires pourrait dévoiler clairement que les
licenciements, les sacrifices sur les salaires et les retraites, ne sont pas
inévitables. Pas plus que ne sont inévitables les coupes claires dans les
dépenses des services publics les plus indispensables aux classes populaires.
Ils résultent du choix de privilégier les revenus du capital au détriment des
travailleurs et de l’intérêt de la collectivité.
Lutte Ouvrière n’a pas besoin de députés
pour continuer à agir dans les entreprises, dans les quartiers populaires, afin
de propager ce programme de lutte et cette conscience de classe. Elle
continuera à œuvrer pour la construction d’un parti représentant les intérêts
matériels et politiques de la classe ouvrière, un parti qui ne cherche pas à
s’intégrer dans les institutions politiques de la bourgeoisie mais qui les
combatte avec pour objectif le renversement du pouvoir de la bourgeoisie et son
expropriation.
Pour
Lutte Ouvrière, Nathalie ARTHAUD