lundi 18 juin 2012

Législatives : après le deuxième tour, un communiqué de Lutte Ouvrière


Communiqué de Lutte Ouvrière du 17 juin à 21 h concernant le 2e tour des élections législatives

Hollande a donc la majorité parlementaire qu’il voulait. Le Parti socialiste a même, à lui seul, la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Entre la présidence de la République, le gouvernement, l’Assemblée nationale et le Sénat, il a donc la totalité des pouvoirs politiques dans le cadre des institutions.
     Les travailleurs n’ont pourtant pas à se faire d’illusions.
     La gauche ne se servira pas de ce pouvoir pour protéger les travailleurs, les salariés, les couches populaires, dans cette période de crise. Avec la fin de la campagne électorale, s’achève même le temps des quelques gestes symboliques qui ont précédé le deuxième tour des législatives.
     Non seulement le futur gouvernement laissera les mains totalement libres au grand patronat pour licencier, pour fermer des entreprises considérées comme non rentables, pour abaisser les salaires, mais il prendra lui-même des mesures d’austérité qui, même décidées par la gauche, viseront les classes populaires tout autant que les mesures d’austérité de la droite.
     Il ne peut pas en être autrement dans le cadre des institutions étatiques qui sont en place pour servir les intérêts de la bourgeoisie et avant tout de ses couches les plus riches.
     Dans cette période de crise de l’économie capitaliste, plus que jamais les intérêts des exploiteurs capitalistes et ceux des salariés exploités sont totalement opposés. Préserver les profits, les revenus du capital, c’est aggraver les conditions d’existence des salariés.
Cette aggravation n’est cependant pas une fatalité. La classe ouvrière a les moyens de s’y opposer par ses luttes collectives. Ces luttes que l’avidité du grand patronat finira par déclencher ne pourront être pleinement efficaces que si les travailleurs prennent conscience que leurs intérêts s’opposent complètement à ceux de la grande bourgeoisie. Ils ont le droit de mettre en avant les objectifs indispensables pour préserver leur emploi et le pouvoir d’achat de leur salaire, leur seul moyen d’existence, quoi qu’en disent les hommes politiques qui servent l’ordre capitaliste.
     Pour résorber le chômage, il faut imposer la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire et l’interdiction des licenciements collectifs. Pour préserver le pouvoir d’achat, il faut l’indexation automatique des salaires et des retraites sur les prix, l’échelle mobile des salaires.
     Les élections terminées, ces objectifs vitaux restent à imposer. Ils sont incontournables pour empêcher le grand patronat et les banquiers, avec la collaboration du gouvernement, de pousser vers la pauvreté une partie croissante de la classe sociale dont le travail fait tourner l’économie. À la bourgeoisie et à ses porte-parole politiques qui, de la droite à la gauche, invoquent le manque de moyens du fait de la crise ou le montant de la dette publique, il faut opposer l’exigence de rendre publics et contrôlables les comptes de toutes les entreprises, de toutes les banques. Seule la fin du secret des affaires pourrait dévoiler clairement que les licenciements, les sacrifices sur les salaires et les retraites, ne sont pas inévitables. Pas plus que ne sont inévitables les coupes claires dans les dépenses des services publics les plus indispensables aux classes populaires. Ils résultent du choix de privilégier les revenus du capital au détriment des travailleurs et de l’intérêt de la collectivité.
      Lutte Ouvrière n’a pas besoin de députés pour continuer à agir dans les entreprises, dans les quartiers populaires, afin de propager ce programme de lutte et cette conscience de classe. Elle continuera à œuvrer pour la construction d’un parti représentant les intérêts matériels et politiques de la classe ouvrière, un parti qui ne cherche pas à s’intégrer dans les institutions politiques de la bourgeoisie mais qui les combatte avec pour objectif le renversement du pouvoir de la bourgeoisie et son expropriation.

                                         Pour Lutte Ouvrière, Nathalie ARTHAUD

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