Les
Bastilles qui restent à prendre
12/09/2022
Le décès d’Élisabeth II a
éclipsé les autres informations. Chaînes de télévision, journaux, responsables
politiques, artistes et experts en tout genre surenchérissent dans un hommage
planétaire. 230 ans après la Révolution française, l’abolition de la monarchie
et des privilèges, nous voilà sommés de manifester intérêt, respect et
admiration à la Couronne britannique.
Chez beaucoup d’entre nous, ce
cirque royal déclenche des envies de nouvelle révolution. Eh bien, souhaitons
que cette envie soit contagieuse !
Le Royaume-Uni a décrété un deuil
national de dix jours. Toute la vie sociale est au ralenti. Des spectacles et
des matchs de foot sont annulés. Le peuple est appelé à saluer le convoi
funéraire qui traverse le pays.
Alors que les travailleurs
britanniques sont engagés dans un bras de fer pour que les salaires suivent la
flambée des prix, les chefs syndicaux, ont annulé les grèves prévues cette
semaine. Les salariés assommés par les factures ahurissantes de gaz et
d’électricité sont censés attendre et rendre hommage à la reine !
Voilà à quoi sert la monarchie
britannique : saouler le peuple avec des histoires de princesses et de rois
pour qu’il ne s’occupe pas de ses propres affaires ! Exalter le chauvinisme
et le respect de la tradition pour préserver l’ordre social avec ses
injustices, ses inégalités et ses horreurs.
Pendant 70 ans, Elisabeth II
a incarné l’Empire britannique. Elle a régné sur des centaines de millions
d’hommes et de femmes à travers le monde, exploités, opprimés, voire massacrés
lors des révoltes coloniales qu’ils menèrent contre la tutelle anglaise. La reine
n’y était pour rien ? Mais si ! Elle était la garante morale de sa
continuité et de sa perpétuation. Même si elle n’a servi que de décorum, elle a
contribué à faire accepter leur condition aux opprimés.
« La reine incarnait
l’unité nationale », entend-on. Oui, l’unité où le petit peuple
doit s’agenouiller au passage de nantis couronnés ! L’unité qui fait que
les uns vivent en parasites sur les autres ! L’unité où la coiffeuse, le
postier ou l’ouvrier intérimaire sont censés honorer ceux qui se transmettent titres,
gloire, domaines et millions de père en fille ou en fils. Y-a-t-il seulement un
seul membre de la famille royale qui connaisse le prix du pain ou du gaz ?
Pas sûr !
Les antimonarchistes britanniques
dénoncent le coût de la monarchie pour le contribuable. Mais comme elle est,
elle-même, devenue une attraction touristique, digne de la Tour Eiffel, elle rapporterait
plus à l’économie du pays que ce qu’elle coûterait…
En fait, la maison royale vit d’abord
de ses rentes : 18 000 hectares de terres cultivables, de centres
commerciaux, de bureaux… Et c’est une entreprise qui rapporte des dizaines de
millions de revenu par an. La famille royale est surtout une grande famille
bourgeoise, à la tête d’une entreprise bien gérée, les flonflons, les chapeaux
et le cirque royal en plus.
Alors, aussi écœurante soit-elle,
cette débauche d’hommages réactionnaires ne doit pas nous faire oublier les véritables
rois des temps modernes : les dynasties bourgeoises. Celles-ci ne passent
pas leur vie à se faire prendre en photo devant des manoirs d’un autre âge. Ils
sont à la tête de holdings et de grands groupes et règnent sur le secteur du
luxe, de la banque, de l’automobile, de l’armement, de la pharmacie… et ce sont
surtout ces rois-là qu’il faut détrôner.
En 1789, la bourgeoisie a profité
de la révolte du petit peuple des villes et des paysans pour asseoir sa propre
domination. Mais la révolution a été faite par les masses qui avaient été opprimées,
muselées des siècles durant. À l’époque, le petit peuple voulut comprendre où
passait son argent, pourquoi et pour qui il travaillait si dur. Il voulait
savoir pourquoi on lui faisait payer le sel cent fois son prix et pourquoi le
pain devenait inabordable. Il réclamait des comptes.
Aujourd'hui, il nous faut, nous
aussi, trouver la force de demander des comptes. Cette fois, ce n’est plus à la
noblesse et aux féodaux qu’il faut les demander, mais à la grande bourgeoisie. Où
partent les fruits de notre travail ? Pourquoi les prix s’envolent ? Pourquoi
cette explosion de profits et ces salaires insuffisants ?
Une autre révolution est inscrite
dans la logique de la société capitaliste car l’oppression qu’elle fait régner,
les sacrifices qu’elle impose aux travailleurs et le chaos qu’elle crée sont
insupportables. Cette révolution viendra, comme toujours, de la base, de tous
ceux qui sont exploités, pressurés puis rejetés en dehors de la production. Et
cette fois, ce sont les travailleurs qui devront la diriger.
Nathalie Arthaud
Samedi 17 septembre, pour la défense de l’espace Jean
Vilar,
Déambulation en direction de la Maison de Claude Monet
Départ 15 heures devant le complexe Jean Vilar
9 boulevard Héloïse
PSA
Stellantis : pour la démocratie ouvrière à la CGT ! Avec les
militants de la section CGT de Poissy que veut démanteler la Fédération de la
métallurgie
Soyons à leur côté.
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