Répartir le travail : une nécessité vitale
05 Août 2020
Les chiffres publiés par Pôle
emploi au début du mois sont éloquents : plus de 6 millions de chômeurs sont
recensés dans le pays, dont plus de 4 millions sans la moindre heure de
travail. La crise sanitaire a en outre incité des dizaines d’entreprises, et
parfois de très grands groupes, à annoncer des plans de suppression d’emplois.
La première quinzaine de juillet,
à ce titre, a été meurtrière. Pas un jour n’est passé sans l’annonce d’un plan
de « sauvegarde de l’emploi » (PSE), procédure prévue au-delà de dix
licenciements pour une entreprise de plus de 50 salariés. Les statistiques
officielles de la Dares (direction des études et statistiques) en comptent 195
en quatre mois.
Dans cette longue liste, les
géants Airbus, Air France et sa filiale Hop !, Renault, Nokia, Sanofi,
Safran, mais aussi La Halle, le groupe touristique TUI, NextRadioTV, Openskies,
Smart à Hambach, Mecafi à Châtellerault, Conduent à Roubaix, HSBC
Investissement, Technicolor en Ille-et-Vilaine, le constructeur de poids lourds
Scania, Borgwarner Automotive en Corrèze, Cerdia dans l’Isère... Et c’est sans
inclure ce que les statisticiens de la Dares appellent « les petits
licenciements collectifs », 1600 en quatre mois, dans la construction, le
commerce, la réparation automobile, la petite industrie, l’hébergement et la
restauration.
Ces annonces et ces menaces de
suppressions d’emplois entraîneront forcément une précarisation plus grande des
travailleurs, des contrats en pointillés, des horaires partiels contraints, des
heures supplémentaires non payées. Pourquoi ? Du travail, les ouvrières et
ouvriers de l’industrie et de la grande distribution ayant un poste en ont
par-dessus la tête, et les besoins sociaux sont criants dans le logement, les
transports, la santé, les soins aux plus anciens, l’éducation des plus jeunes…
Le seul obstacle à ce que ces
besoins se traduisent en embauches est la recherche de rentabilité par les
possesseurs de capitaux. Une logique simplement humaine exigerait que les
patrons prennent sur leurs profits, et sur les profits accumulés, pour que tous
aient un emploi et un salaire. Le leur imposer est une nécessité vitale.
Viviane
LAFONT (Lutte ouvrière n°2714)