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La liberté... d'aider à la santé des autres (photo CHU Montpellier) |
Rougeole
: qu’est-ce qui tue ?
Pour les six premiers mois de
cette année et pour la seule Europe, l’OMS (Organisation mondiale de la Santé)
a dénombré 41 000 cas de rougeole qui ont entraîné 37 décès, soit autant que
pour la totalité des douze mois de 2017.
Pour que la vaccination contre
une maladie soit efficace, c’est-à-dire pour que les microbes à l’origine de
cette maladie ne puissent plus trouver de réceptacle humain où se reproduire,
il faut que l’immense majorité de la population soit vaccinée. Ainsi, pour
garantir l’immunité de la population contre la rougeole, il faudrait un taux de
vaccination supérieur à 95 %. Pour des taux très inférieurs, quand le virus
pénètre dans une population, il se propage rapidement parmi tous les non
vaccinés, et l’épidémie se répand. En revanche, si le taux est supérieur, la
contamination s’arrête du fait du peu de personnes vulnérables. Par définition
la vaccination est donc une affaire collective, visant à protéger la population
entière, et ne peut être en aucun cas une affaire personnelle du ressort de la
liberté individuelle.
Sur le continent européen, en
moyenne, le taux de protection contre la rougeole est de 90 % mais avec une
grande disparité, qui va de 75 % en Roumanie à 99 % en Hongrie. En France, il
est parmi les plus bas, avec seulement 80 % de vaccinés. C’est ainsi qu’une
épidémie de rougeole y sévit depuis la fin de l’année 2017. 2 500 cas ont été
déclarés, un sur quatre a nécessité une hospitalisation et trois personnes sont
mortes.
Alors qu’on dispose d’un vaccin
efficace, ces morts sont imputables à ce poison qu’est la méfiance envers les
vaccins instillée par le courant antivaccinal, lui-même en partie nourri par
les scandales au cœur de l’industrie pharmaceutique.
Il y a là de quoi rager. D’autant
que ce courant apparaît aux yeux de certains comme contestataire, puisque
s’attaquant à l’industrie pharmaceutique. S’appuyant sur le manque
d’information de la population, les antivaccins répandent des rumeurs non
fondées sur des risques inventés. Et chaque scandale lié à un médicament ?
Mediator hier, Dépakine aujourd’hui ? renforce la méfiance, incitant à
confondre les extraordinaires bienfaits des découvertes scientifiques et les
désastreux méfaits de l’industrie capitaliste.
Toute proche, l’Italie a connu
plus de 5 000 cas de rougeole en 2017. La couverture vaccinale contre cette
maladie n’y est que de 86 % mais Matteo Salvini, fidèle à sa démagogie,
n’hésite pas à proclamer : « La vaccination doit être un choix libre, pas
une imposition soviétique. » Quant à sa ministre de la Santé, Giulia
Grillo, elle part en guerre contre la vaccination obligatoire préparée par le
précédent gouvernement. Elle sait pourtant le risque et, tout en préparant la
population à l’éventualité d’une prochaine épidémie de rougeole, elle déclare :
« Il ne faut pas s’illusionner et penser qu’il n’y aura pas de morts.»
Pas facile de dire ce qui est le
plus dangereux et le plus mortel entre les virus, l’industrie capitaliste, qui
a le profit pour seul gouvernail, et les gouvernements larbins qui sont à son
service.
Sophie
GARGAN (Lutte ouvrière n°2614)