samedi 28 juillet 2018

Migrants, liberté de circulation, un point c’est tout


 Vive la liberté de circulation !

 

600 migrants Africains ont pénétré de force jeudi dans l’enclave espagnole de Ceuta au Maroc. Les autorités espagnoles se plaignent que cet assaut ait été « violent » puisque les migrants, pour réussir à franchir les doubles clôtures de barbelés et pour faire reculer la garde civile, ont lancé des sacs d’excréments et de la chaux vive sur eux. 
      Parler de violence des migrants, il faut oser ! Quand l’Union Européenne se comporte comme une forteresse jalousement verrouillée vis-à-vis de populations que les guerres ou la misère poussent à tenter leur chance ailleurs parfois au prix de leur vie, n’est-ce pas la pire violence, trop souvent meurtrière ?



EPR de Flamanville : ça fait cher le kWh


Il devait coûter 3 milliards, on en est à 11, et demain ?

 


Le chantier de l’EPR, la centrale nucléaire de Flamanville dans la Manche, prend encore du retard. Cette fois, c’est un problème de soudures qui est apparu sur les tuyauteries qui font circuler la vapeur. Cette nouvelle déconvenue représente un surcoût de 400 millions d’euros. L’EPR devait initialement entrer en service en 2012 et il devait coûter 3 milliards d’euros. Aujourd’hui, personne ne sait quand il démarrera vraiment, au mieux en 2020 selon Edf et la facture a déjà atteint près de 11 milliards d’euros.
Peu importe pour Bouygues, le maître d’œuvre, car dans ce type de chantiers titanesques, ses profits sont garantis : ce sera l’État et les consommateurs qui paieront !

Bonnes lectures (16) : Un paquebot dans les arbres, Valentine Goby, Actes Sud


Un paquebot dans les arbres

 


Valentine Goby explore depuis qu’elle écrit des pistes bien différentes. En l’occurrence, elle suit l’itinéraire de Mathilde, une fille de petits-commerçants, d’un cafetier plus précisément, d’un petit village, que la tuberculose va mener à l’hôpital et mettre fin à une vie qui aurait pu être facile. Ils n’avaient rien prévu. Ils rechignaient à se soigner, par une certaine inculture.
         Dans les années 1950, la sécurité sociale, créée au sortir de la guerre telle  que nous la connaissons encore (en partie au moins), ne concerne que les salariés. Pour les petits commerçants, la maladie peut les amener à la faillite et à la déchéance. C'est ce qui se produit dans le roman.
         La famille vole en éclat, là où la vie et l’espérance avaient été radieuses.
         Mathilde reste et restera debout, et luttera sans cesse pour sa famille en détresse, pour la réunir, par amour pour ses parents, pour son admiration envers son père en particulier, et devra assumer une situation qui n’aurait pas dû être, elle qui était attirée seulement par la nature.        

Un paquebot dans les arbres, Valentine Goby, Actes Sud

vendredi 27 juillet 2018

Police, Violence de l’Etat, officielle et officieuse. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière n°2608


Affaire Benalla : officielle ou officieuse, la violence de l’État

La vidéo qui a déclenché l’affaire Benalla, du nom de ce membre du cabinet présidentiel chargé de la sécurité de Macron, le montre frappant violement deux jeunes qui participaient à un rassemblement pacifique place de la Contrescarpe à Paris, dans la soirée du 1er mai, puis ordonnant leur arrestation.

 


La presse et l’opposition d’abord, puis le préfet de police ainsi que le ministre de l’Intérieur, pour se dédouaner et surtout pour protéger Macron, lui reprochent de s’être permis un tel comportement alors qu’il n’avait pas le droit de participer directement à l’opération, n’étant ni policier ni gendarme en activité. Mais les CRS, d’ailleurs présents pendant toute la scène filmée, se comportent quotidiennement de la même façon, et le fait qu’ils y soient autorisés par l’État ne rend pas leur violence plus légitime.
Ainsi, le même jour, sous prétexte des violences commises par les black blocs en marge de la manifestation parisienne du 1er mai, plus de 280 personnes avaient été arbitrairement arrêtées. Pour l’immense majorité d’entre elles, il n’y avait aucune preuve de leur participation à des dégradations, et elles ont été libérées sans poursuite, mais après avoir passé la nuit en garde à vue, et ont été obligées de se soumettre à un prélèvement ADN. Et plusieurs autres ont été condamnées pour des broutilles : un jeune homme à trois mois de prison ferme car il avait sur lui des massettes et des ciseaux, une femme à un mois ferme pour avoir refusé de donner son ADN, un autre jeune homme à de la prison avec sursis simplement pour s’être débattu pendant son arrestation.
La liste des récentes violences policières et arrestations arbitraires de manifestants est longue. Le 22 mai par exemple, 102 personnes, dont 40 mineurs, qui occupaient le lycée Arago à Paris pour protester contre le durcissement des conditions d’entrée à l’université, étaient placées en garde à vue pour 48 heures. À Notre-Dame-des-Landes, le déploiement de force ordonné en avril dernier par le gouvernement a provoqué de nombreuses blessures, parfois graves, parmi les défenseurs de la Zad. Et presque chaque fois que des travailleurs manifestent, refusent de se laisser licencier, font grève massivement, comme on l’a encore constaté récemment à la SNCF ou à Air France, l’État mobilise ses forces de répression. Et dans les quartiers populaires, c’est quotidiennement que les jeunes et moins jeunes subissent contrôles au faciès, brimades, humiliations, voire pire, un jeune homme ayant été tué à bout portant par un policier à Nantes début juillet. Sans parler des violences permanentes contre les migrants, encore plus vulnérables.
Alexandre Benalla, du fait de sa proximité avec le pouvoir, s’est senti le droit de se comporter comme une brute sans en avoir l’autorisation officielle. Il y a de quoi en être choqué. Mais les violences perpétrées au quotidien par des policiers et gendarmes en fonction sont exactement du même ordre, et tout aussi choquantes.

Claire DUNOIS (Lutte ouvrière n°2608)

SNCF Accident de Brétigny : manque d’entretien et catastrophe


Une incurie criminelle



 
Sur la ligne Limoges-Angoulême
Limoges-Angoulême : parmi les nombreuses lignes en mauvais étatCinq ans après l'accident du Paris-Limoges qui avait provoqué la mort de 7 personnes en gare de Brétigny, un nouveau rapport d'expertise est tombé : encore une fois l'accident est attribué à la vétusté et le manque d'entretien du matériel. "L'expertise dit que la rupture est due à une usure progressive et ancienne du métal, ce qui implique un défaut d'entretien prolongé" explique l'avocat de l'association des victimes de Brétigny.
Cela contredit la thèse de la SNCF et de RFF, mis en examen comme personnes morales, qui prétendent qu'il s'agit d'un défaut "imprévisible" de l'acier et tentent de se défausser ainsi de toute responsabilité dans ce déraillement mortel. Tout le monde le sait, c'est l'état de la ligne très mal entretenue depuis des années pour des raisons d'économies qui en est à l'origine !

Chômeurs : toujours plus


Il faut interdire les licenciements !

 


Le chômage a encore augmenté ces trois derniers mois. Le nombre de chômeurs toutes catégories confondues  a crû de 1,4 % en un an pour atteindre presque 6 millions. Par ailleurs le chômage de longue durée, de plus d’un an, a augmenté aussi tandis que le nombre de radiations de chômeurs a gonflé de 9,2 %.
Autrement dit, malgré les tentatives de bidouillage pour faire disparaitre les chômeurs des statistiques, chômage et précarité s'approfondissent. Et comment en serait-il autrement alors que malgré les aides aux entreprises (estimées à 75 milliards par le gouvernement), les licenciements continuent de pleuvoir ou menacent comme à Ford, Carrefour, Whirpool ou les magasins du groupe Mulliez.
           Contre le chômage, une seule solution : interdire les licenciements.

Première guerre mondiale, jeu sur la mémoire aux archives du Val d’Oise : loin de l’essentiel : éduquer la haine de la guerre


Maudite soit la guerre, guerre à la guerre, haine à la haine

 


En liaison avec des étudiants de l’Université de Cergy, les Archives du Val d’Oise ont mis au point un jeu autour de la mémoire de la Première guerre mondiale. Si nous avons bien compris, il s’agit d’un jeu genre Monopoly qui vise à réaliser un monument aux morts dans les meilleures conditions financières possibles. Ce que nous avons lu sur le site des Archives ne nous aide pas à comprendre ce dont il s’agit vraiment.
         Une chose est sûre est que l’on ne connaît pas dans ce jeu la dédicace, ce qui fait pourtant le cœur de ces monuments aux morts dédiés aux victimes de la Première guerre mondiale, la dédicace censée indiquer pourquoi ces soldats dont la liste figure sur ces monuments aux morts.
Ces derniers ont été érigés pratiquement dans toutes les communes du pays à partir de 1920, de la simple stèle à des grands monuments grandiloquents.
         Maintenir le souvenir des victimes, oui bien sûr. Mais au nom de quoi sont-ils morts ? C’est cela qu’il serait intéressant de faire réfléchir aux adolescents visés par ce jeu. Ils sont morts « pour la France ? ». Ou morts pour le capitalisme ? Ou morts de l’horreur de cette guerre qui fit une douzaine de millions de morts qui, des deux côtés du front, se ressemblaient tous.
         Au lendemain du conflit, les mêmes notables qui avaient mis tout leur cœur pour que les autres, les jeunes partent à la guerre, imposèrent leur patte chauvine sur l’énorme majorité de ces monuments. Ces notables étaient, seulement un peu plus vieux de cinq-six ans. Eux avaient survécu.
         Mais quelques monuments diffusèrent un autre message. Tel celui d’un petit village des Gorges du Tarn qui égraine la liste de ses morts sous un sobre « A ses victimes de la guerre ». Et puis, il y a aussi ceux qui comme celui de Gentioux dans la Creuse disent : « Maudite soit la guerre ». Et puisque nous sommes dans le Val d’Oise, il faut citer celui de la première commune communiste du département en 1920 qui dit : « Guerre à la guerre » et « Haine à la haine ».
         Anatole France a déclaré un jour : «On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels ». Ce qui était vrai hier l’est toujours aujourd’hui, plus que jamais.

Bonnes lectures (15) : un été à quatre mains, Gaëlle Josse, Ateliers henry dougier


Un été à quatre mains

 


Cela m’est arrivé quelquefois. Vous rentrez en voiture, l’autoradio ouvert. Tout à coup, un air vous captive. Vous êtes même prêts à vous arrêter. Ce jour-là, il s’agit d’un morceau symphonique que vous ne connaissiez pas… Vous apprenez qu’il s’agit de la 9ème symphonie de Schubert. Il n’a donc pas écrit que « la truite » ? Vous savez La truite de Schubert. Cette 9ème symphonie, je l’écoute dorénavant, de temps en temps, la même émotion, et c’est merveilleux…
         Dans le roman, disons la nouvelle « Un été à quatre mains », Gaëlle Josse évoque Schubert, un très sensible (on imagine… la 9ème !). Le compositeur fait une belle rencontre, une rencontre certes sans parole… On est, non loin de Vienne, dans l’Autriche aristocratique de la première moitié du XIXème siècle.
         85 pages de bonheur, et j’espère que Gaëlle Josse me pardonnera, mais dans un style qui me fait penser à Stefan Zweig… Excusez du peu. Même sensibilité, même économie dans l’expression, même humanité. 

Un été à quatre mains, Gaëlle Josse, Ateliers henry dougier, 8,90 euros