Les 15 et
22 mars, redressons la tête
93 400 000 000, soit 93,4
milliards d’euros. Ce sont les profits réalisés par les entreprises du CAC40,
en augmentation de 24 % par rapport à 2016.
Avec cet argent, il y a de quoi
verser un salaire de 1500 euros net, cotisations comprises, à plus de trois
millions de salariés pendant un an. Alors, il n’y a aucune raison d’accepter
les sous-effectifs, les bas salaires et la dégradation des conditions de
travail.
2,25 milliards pour PSA, 3,5 pour
Renault, 5,1 pour LVMH, 6,2 pour Axa, 7,8 pour BNP Paribas et 8,4 pour Sanofi :
cette débauche de profits est le produit de la lutte de classe menée par le
grand patronat et le pouvoir politique contre les travailleurs.
Elle est le résultat des
suppressions de postes, de l’intensification des rythmes de travail, du blocage
des salaires pour les salariés de ces groupes, mais aussi pour les intérimaires
et les salariés de la sous-traitance qui tiennent les postes les plus durs et
sont les plus mal payés.
Et que nous dit Macron ? Que cela
doit continuer. Que les travailleurs, les retraités, les chômeurs doivent
encore faire des sacrifices. Pour justifier la baisse des pensions de plusieurs
millions de retraités, un député macronien les a même qualifiés de « génération
dorée » !
Ce gouvernement rassemble un
nombre inédit de millionnaires et de profiteurs de parachutes dorés, mais à l’écouter,
les retraités qui touchent plus de 1200 euros de pension seraient des
privilégiés. Les cheminots et les fonctionnaires, parce qu’ils ont la sécurité
de l’emploi, seraient des privilégiés. Les CDI, qui sont moins précaires que
les CDD et les intérimaires, seraient aussi des privilégiés. Et, comparés aux
chômeurs, ces derniers ont encore la chance de travailler un peu… ce que le
gouvernement finit presque par présenter comme un privilège.
Autrement dit, personne n’aurait
à se plaindre, car il y aurait toujours pire que soi. C’est de la propagande
grossière. Elle vise à nous diviser et à nous forcer à reculer et à nous
aligner sur les plus mal traités et les plus mal payés. Et pendant ce temps,
les plus riches amasseront leurs fortunes et jouiront de sinécures incroyables.
Les cheminots, pas plus qu’aucun
autre travailleur, n’ont de leçons à recevoir de personne.
Les plus grandes fortunes
augmentent chaque année de 10 ou 20 %, et la sécurité de l’emploi serait
devenue un luxe intenable ? Les actionnaires sont arrosés de dividendes, et les
augmentations de salaires et les embauches seraient impossibles ? Le
gouvernement a accordé six milliards de remises fiscales aux plus riches. Et
les hôpitaux, les Ehpad, les écoles et les tribunaux devraient se débrouiller
avec des bouts de ficelle ? Non, il ne faut pas l’accepter.
Macron s’est mis à dos une bonne
partie des classes populaires. Eh bien, il faut souhaiter que ce mécontentement
finisse par lui éclater à la figure !
Ce qui manque aux travailleurs,
c’est de reprendre confiance dans leur force collective. L’écrasante majorité
était opposée à la loi El Khomri en 2016 et aux ordonnances Macron. Mais trop
peu de travailleurs se sont engagés dans les grèves et les manifestations pour
arrêter ces attaques.
Cela fait dire à certains que «
plus personne ne veut se battre ». Ce n’est pas vrai. Il y a des travailleurs
qui veulent se faire entendre et se battre.
Le 15 mars, les retraités
manifesteront. Les personnels des Ehpad et des services à domicile, qui
manquent cruellement de moyens, seront en grève et la métallurgie organisera
des rassemblements. Le 22 mars, ce sont la fonction publique, la RATP, EDF et
les cheminots qui descendront dans la rue.
La mobilisation des travailleurs
de la SNCF aura une importance particulière. Contrairement aux directions
syndicales qui lanternent pour appeler à la grève reconductible, beaucoup de
cheminots savent qu’ils n’ont pas le choix et doivent se préparer à une lutte
difficile. Il faut qu’ils aient l’opinion ouvrière avec eux. Ce n’est pas
qu’une question de solidarité : il en va de l’intérêt de l’ensemble du monde du
travail.
Au travers de ce bras de fer,
Macron veut prouver que rien ni personne ne l’arrêtera dans sa politique
anti-ouvrière. Si les cheminots le font reculer, ils modifieront le rapport de
force politique et le monde du travail en sortira moralement conforté. Dans le
cas contraire, Macron et la bourgeoisie redoubleront d’arrogance et auront la
voie libre pour poursuivre leur offensive.
Alors, il faut que les cheminots
ripostent à l’attaque et que les travailleurs en général relèvent la tête. Ils
ont à se battre avec la fierté de ceux qui n’ont jamais volé leur pain et
n’acceptent pas d’être sacrifiés sur l’autel des profits.