Maroc :
manifestations à Jerada et à Meknès
Vendredi 2 février, plusieurs
milliers de personnes se sont de nouveau rassemblées à Jerada pour crier leur
indignation, après qu’un troisième mineur a trouvé la mort dans son puits
clandestin de charbon. Le même jour, des travailleuses du textile licencié
étaient des centaines à manifester leur colère à Meknès.
Malgré un déploiement des forces
de police destiné à les impressionner, les habitants de Jerada restent
mobilisés depuis plus d’un mois. Ils dénoncent le chômage massif dû à la
fermeture en 2 000 de la mine de charbon employant des milliers de personnes
dans la région, qui les oblige à creuser des puits clandestins pour survivre.
Ils dénoncent aussi les factures
d’eau et d’électricité impossibles à payer tant elles sont élevées, la
corruption qui permet à certains élus locaux d’accaparer les permis officiels
d’exploitation du charbon et de s’enrichir de manière éhontée en revendant le
charbon extrait clandestinement. Ils demandent une véritable alternative
économique aux « mines de mort » et un service de santé de qualité pour prendre
en charge les nombreuses pathologies des mineurs.
Dans la région de Fès et Meknès,
c’est le secteur du textile qui subit le chômage de plein fouet. L’entreprise
Sicome a fermé ses portes en novembre 2017, jetant à la rue près de 700
travailleuses auxquelles elle doit quatre mois de salaire. Depuis, celles-ci se
relaient en sit-in devant le siège de l’entreprise, pour dénoncer la situation
et exiger du gouvernement qu’il trouve une solution. Vendredi 2 février, elles
étaient de nouveau rassemblées pour interpeller les autorités devant la mairie
de Meknès. Quand le représentant des autorités est allé à leur rencontre, vêtu
des symboles du pouvoir que sont le tarbouche rouge et la djellaba blanche, il
ne les a pas impressionnées. « Dégage ! », « Voleur ! », c’est
sous ces quolibets, cerné par les manifestantes, qu’il a dû être exfiltré par
la police !
Les habitants mobilisés du Rif,
de Jerada ou de Meknès dénoncent les maux – le chômage, la vie chère, la
corruption des autorités – qui touchent tout le Maroc et rendent la vie des
travailleurs de plus en plus impossible. Les habitants de Jerada ne s’y sont
pas trompés. Loin de mettre en avant les spécificités de leur région, ils font
le lien avec le Hirak (le mouvement) du Rif et reprennent son slogan : « La
mort plutôt que continuer à subir l’humiliation ! »
Valérie
FONTAINE (Lutte ouvrière n°2584)