Sélection,
privatisation, rentabilité des services publics : c'est non !
Après les ordonnances travail, le
gouvernement poursuit son œuvre de démolition avec, au programme, la réforme de
la formation et de l’assurance chômage, celle du lycée et du baccalauréat, et
la réforme de l’État.
Cette dernière s’annonce
destructrice. Outre le développement des contrats précaires et la rémunération
au mérite, le gouvernement projette en effet la disparition de services entiers
et la mise en place comme dans le privé d’un plan massif de 120 000
suppressions d’emplois.
Ce n’est pas que le problème des
fonctionnaires, cela nous concerne tous. D’abord parce qu’il s’agit d’un plan
social qui fera grossir les rangs des chômeurs de 120 000 personnes alors que
cinq millions de femmes et d’hommes se bousculent déjà à Pôle emploi. Ensuite
parce que les services publics contribuent à nos conditions d'existence.
Ceux qui sont victimes des
déserts médicaux, de la fermeture de maternités de proximité, de lignes de
train ou de bureaux de poste, savent ce qu’il y a à perdre si l’on accepte de
nouveaux reculs du service public. Et il n’y a qu’à comparer les prix des
cliniques, des crèches et des maisons de retraite privées avec ceux du public
pour en mesurer l’importance.
On l’a vu, la semaine dernière,
avec la mobilisation des maisons de retraite : la présence de personnel en
nombre et qualifié au chevet des anciens n’est pas du gaspillage, c’est une
nécessité sociale. Le gouvernement peut répéter qu’il faut moderniser, mais
aucun robot n’apportera le réconfort aux anciens, soignera les malades ou fera
l’éducation des enfants.
Pour l’instant, le gouvernement
n’ose pas annoncer la suppression de postes d’enseignants, de personnel
hospitalier ou de gardiens de prison. Il évoque tout ce qui n’est pas « au cœur
des missions des services publics » et qui pourrait basculer dans le privé.
Pense-t-il aux cantines des écoles, des collèges et des lycées, par exemple ? À
l’entretien des équipements publics ?
Les salariés des grands groupes
savent ce que ce genre de sous-traitance signifie de dégradation. Car il est
évident que le privé ne s’y lance que pour faire de l'argent sur le dos des
usagers et des salariés du secteur. Les Sodexo et autres Orpéa ou Korian
augmenteront les prix, réduiront les effectifs et intensifieront
l’exploitation. Tout le monde y perdra.
Il faut refuser cette logique
consistant à dire que tout doit devenir rentable et profitable. Dans cette
société où l'argent est roi, l'éducation, la santé, les transports collectifs,
les services postaux, les télécommunications, l'approvisionnement en eau et en
énergie, devraient être des services publics. Ils ne doivent pas être gérés
pour le profit, ni être soumis aux lois du marché, stupides et inhumaines. Ils
doivent satisfaire les besoins collectifs.
C’est pour défendre cette
perspective que des journées de protestation sont prévues cette semaine. Mardi
dans l’éducation, contre la baisse des moyens et la sélection. Jeudi à la SNCF,
contre la dégradation des conditions de travail et la privatisation programmée
du chemin de fer.
Pour ne prendre que ce qui se
passe dans l’éducation nationale, le ministre Blanquer fait beaucoup de mousse
avec les CP à 12 élèves dans les zones d’éducation prioritaire. Progrès qui est
d’ailleurs payé par les autres classes puisque cela s’est fait sans embauche.
Mais, à côté de cela, il met en place une école de plus en plus sélective et
élitiste.
Pour l’entrée dans le supérieur,
il prétend avoir mis fin à l’injustice de la « loterie » en changeant la
procédure et la plateforme informatique. Sauf que l’injustice n’était pas créée
par un logiciel, elle l’était par le manque de places dans les facultés, et
avec l’arrivée de 40 000 nouveaux bacheliers l’année prochaine, la situation ne
peut que s’aggraver.
Le gouvernement ne veut pas
mettre les moyens pour accueillir les nouvelles générations dans le supérieur,
alors il organise l’éviction des jeunes des milieux populaires. Ils auront le
baccalauréat en poche, mais ne pourront rien en faire, si ce n’est rejoindre la
cohorte de jeunes chômeurs et précaires.
Ce qui se passe dans l’éducation,
dans les Ehpad, les hôpitaux ou les transports, doit être l’affaire de tous.
Dans l'offensive du gouvernement et de la bourgeoisie contre les classes
populaires, il y a les attaques directes, les salaires qui baissent, les
emplois supprimés, les congés rognés. Et il y a aussi ces remises en cause qui
indiquent que la société, au lieu d'avancer, est en train de régresser. Et tout
cela, simplement pour qu'une minorité de capitalistes puisse vivre en parasite
sur la société.