Un piège
politique : pas d’union nationale avec Hollande, Sarkozy, Le Pen !
Lundi 16 novembre, trois jours
après les attentats meurtriers, Hollande s’est exprimé devant les deux
Assemblées réunies en congrès, à Versailles. La mise en scène était soignée :
parlementaires, gardes républicains et journalistes au garde-à-vous, Marseillaise,
retransmission en direct sur toutes les chaînes, discours martial prononcé au
nom de la France éternelle.
L’appel
à l’union nationale a été répété sur tous les tons. Pour Hollande il ne s’agit
pas seulement d’utiliser ce piège cent fois tendu à la population mais aussi de
tenter de contraindre l’ensemble des politiciens à l’approuver. L’union
nationale vise à faire taire les oppositions dans le propre camp du
gouvernement, à tenter d’obliger Sarkozy et consorts à se ranger provisoirement
derrière Hollande, et ramène pour un temps Le Pen à un rôle de figuration. Pour
quelques jours, Hollande incarne ainsi l’État, tous les défenseurs de l’ordre
social sont priés de s’aligner et la population de suivre. Les médias à
l’unisson jouent de la grosse caisse sur le même thème.
Fort
de ce soutien, Hollande a annoncé que la France allait intensifier ses
opérations en Syrie. Des bombardements ont déjà eu lieu, d’autres vont
intervenir, le porte-avions Charles-de-Gaulle est sur le départ pour la
Méditerranée orientale. La politique de la canonnière, en vigueur depuis deux
siècles et qui a conduit à la situation actuelle, sera donc poursuivie.
Sur
le plan intérieur, Hollande reprend à son compte les mesures prônées par la
droite, voire l’extrême droite. Il exige la défense des frontières extérieures
de l’Europe contre les réfugiés, alors même que c’est le chaos engendré par
l’impérialisme qui fait fuir ceux-ci. L’état d’urgence permet à la police
d’intervenir, de perquisitionner, d’arrêter et d’assigner à résidence qui elle
veut et comme elle veut. Les manifestations et rassemblements peuvent être
interdits, au gré des autorités.
La
droite ayant réclamé qu’on interne des milliers de personnes sur simple soupçon
d’islamisme radical, Hollande s’incline et va demander au Conseil d’État si
cela est légalement faisable. Le bruit fait autour des mesures antiétrangers,
des expulsions, des déchéances de nationalité des binationaux, des
interdictions d’entrée du territoire, vise surtout à désigner des boucs
émissaires. Les services de police, les effectifs des gardiens de prison seront
renforcés. Les diminutions d’effectifs dans l’armée sont suspendues, ses
crédits seront augmentés.
Pour
faire face à ces dépenses, Hollande est prêt à creuser le déficit, car, a-t-il
affirmé, « le pacte de sécurité passe avant le pacte de stabilité ». On
suppose naturellement que, dans un esprit d’union nationale, les banquiers qui
prêteront à l’État de quoi payer la note le feront gracieusement, tout comme
les marchands de missiles et les fabricants d’avions qui fourniront les
troupes.
Enfin,
peut-être pour justifier le déplacement de tous ces parlementaires à
Versailles, Hollande a évoqué une obscure modification de la Constitution. Il
s’agirait d’adapter les possibilités répressives aux nécessités du monde
moderne en donnant encore plus de pouvoirs au président. Ainsi, Hollande au
gouvernement, après avoir comme prévu poursuivi et amplifié la politique
propatronale de ses prédécesseurs, après avoir porté coup sur coup aux
travailleurs, reprend maintenant les habits de la droite : l’ordre, l’uniforme,
les contrôles de police, les frontières, la restriction des libertés, les
déclamations patriotiques.
Aucune
de ces mesures n’arrêtera les tueurs de Daech. Ni les poses de Hollande ni ses
Rafale n’éteindront les flammes d’où sortent les terroristes, au contraire.
L’union nationale est seulement une façon d’attacher les travailleurs au char
de leurs exploiteurs. C’est bien pourquoi il faut la récuser.