Vaccination : le gâchis de la concurrence et de la propriété privée
18/01/21
Depuis lundi, le gouvernement appelle les plus de 75 ans, soit six millions de personnes, à se faire vacciner. Mais elles devront s’armer de patience, car le gouvernement n’est pas plus à la hauteur qu’il ne l’a été sur les masques, les tests ou le traçage.
L’impréparation logistique règne. Des doses dorment dans les congélateurs quand les centres de vaccination sont sous-utilisés. Les plateformes de prise de rendez-vous sont saturées. Les aiguilles adéquates n’ont pas toujours été commandées…
Autre problème, plus grave : cela coince au niveau de la production. Ne pouvant pas respecter la cadence promise, le laboratoire Pfizer vient même d’annoncer du retard dans ses livraisons. Une semaine, a-t-il tenté de rassurer. Les labos se sont empressés de prendre les commandes et d’encaisser l’argent, mais pour construire des lignes de production et embaucher, ils sont nettement moins rapides et efficaces !
Et pourquoi se presseraient-ils quand le rationnement fait monter les enchères et leur permet de négocier plus cher les prochaines commandes ? Après la guerre des masques, une guerre des vaccins, avec une surenchère des États ne serait certainement pas pour leur déplaire.
L’obstacle auquel se heurte désormais la campagne de vaccination est celui de la concurrence et de la propriété privée. Pfizer et Moderna, les seuls à avoir un vaccin homologué en Europe, n’ont pas les capacités de production suffisantes. De leur côté, Sanofi, Merck ou GSK possèdent ces moyens de production, mais ils n’ont pas encore leur propre vaccin.
Le bon sens et l’intérêt collectif voudraient que ces laboratoires travaillent ensemble et qu’ils mettent en commun brevets et moyens de production pour produire au plus vite et massivement les vaccins susceptibles de sauver des vies. Mais, concurrence et profit obligent, Pfizer et Moderna veulent garder le contrôle de la poule aux œufs d’or ; quant à Sanofi, il ne fera que ce que lui dictent ses profits et, pour l’heure, il continue de chercher à mettre au point son propre vaccin.
Les scientifiques ont mené une véritable course contre la montre et ils ont réalisé, en dix mois, ce qui prend habituellement plusieurs années. Maintenant, un temps précieux va être perdu à cause des calculs de rentabilité des uns et des autres. La propriété privée, la loi du profit et la concurrence sont les causes de ce gâchis.
En mai dernier, Macron déclarait : « Il est nécessaire que ce vaccin soit un bien public mondial, extrait des lois du marché ». C’était de belles paroles… en l’air ! On vérifie, une fois de plus que ce sont les groupes capitalistes, leurs actionnaires, qui détiennent le véritable pouvoir.
Les États ont leurs plans de vaccination, mais les multinationales pharmaceutiques ont le dernier mot en fixant leurs prix, leurs délais et leurs volumes. Les gouvernements leur demanderont poliment d’accélérer les cadences, mais en bons défenseurs de la propriété privée, ils s’inclineront devant les choix des labos.
Les labos pharmaceutiques imposent leur diktat en vertu de la sacro-sainte propriété privée. Mais d’où viennent ces capitaux privés sinon de l’exploitation des travailleurs ? Et combien de ces capitaux proviennent du pillage de l’argent public ?
Le domaine de la santé est un de ceux que les États subventionnent le plus. Combien les gouvernements ont-ils dépensé pour aider la recherche sur le vaccin ? Combien ont-ils avancé pour qu’ils soient développés ? Combien de subventions les usines de production encaisseront-elles ? On n’arrive même pas à le savoir parce que toutes ces informations sont tenues secrètes.
Ce qui est exclusivement privé, ce sont les profits et les dividendes. Et cette crise sanitaire est le jackpot pour les labos. On le voit aussi avec les tests PCR : ils sont facturés 50 € en Allemagne, 30 à 40 € en Espagne… et 73,59 € en France. Pourquoi ces différences ? Quel est leur coût de production ? Une chose est sûre : l’Assurance maladie a déjà déboursé plus de deux milliards, et la facture nous sera présentée, au plus grand bonheur des labos.
L’opacité des contrats et des prix, la rapacité des trusts pharmaceutiques, les difficultés de production et de livraison illustrent les tares du capitalisme. Il n’y aura rien de collectif et de constructif dans cette société tant que domineront la propriété privée des grands moyens de production, les lois du marché et la concurrence. Il faut les combattre parce qu’elles représentent un incroyable gâchis. Imposer la suppression des brevets et du secret commercial, imposer le contrôle ouvrier sur la production, et l’expropriation des grands groupes capitalistes, c’est une nécessité pour tous !
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