Macron à la télévision :
“dialogue social” de maîtres-chanteurs
15 Juillet 2020
Il n’y avait rien de bien nouveau
dans le discours présidentiel du 14 juillet : Macron est content de lui, et le
grand patronat a également toutes les raisons d’en être content.
Au cours de cette purge d’une
heure et quart, le président a quand même montré le bout de l’oreille et
quelque inquiétude en trois occasions.
Lorsque la journaliste Léa Salamé
lui a demandé ce qu’il ferait si, comme les travailleurs de Derichebourg, il
devait accepter une baisse de salaire de 20 % pour espérer conserver son
emploi, Macron est monté sur ses grands chevaux. Il a récusé le terme de
« chantage » et affirmé que Derichebourg et les patrons dans le même
cas avaient recours au « dialogue social ». En effet, comme le
Parrain, le patronat fait des propositions que les travailleurs ne peuvent
pas refuser. Le travail de Macron est alors de donner à ce rapport de force, à
ces menaces de mort sociale, l’apparence d’un contrat légal.
Interrogé sur sa réforme des
retraites, suspendue lors de l’épidémie et vomie par les travailleurs, Macron a
patiné. Il ne retire pas sa réforme sur le principe, tout en la retirant dans
les faits et en se réservant le droit de la ressortir un jour, sans toutefois
dire ni quand ni comment. Un homme du patronat se doit de ne jamais avouer
avoir reculé, si peu que ce soit, devant les travailleurs.
En toute fin d’intervention,
Macron a repris ce qu’il avait dit au début à propos des catégories populaires,
de la jeunesse, des personnes discriminées en raison de leur couleur de peau,
de leur quartier d’origine, etc.
Il voudrait trouver un moyen pour
que les exploités approuvent l’ordre social qui les écrase, et le manifestent
en participant aux élections, en approuvant les mesures gouvernementales, en
croyant aux promesses d’un avenir meilleur. Et pour cela Macron prétend avoir
une recette imparable : refaire le discours mille fois entendu de la
république sociale qui veille sur tous ses enfants.
Sans être, comme le président, un
expert en art dramatique, il est assez facile de percevoir sa sincérité
lorsqu’il affirme en défense des patrons : « Ce n’est pas du chantage,
c’est du dialogue social. » Avec ça, tout est dit.
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