Démagogie
sécuritaire : Darmanin soigne son extrême droite
15
Juillet 2020
Le
nouveau ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, une semaine après sa nomination,
fait preuve d’une agitation rappelant son mentor Sarkozy.
Au
commissariat des Mureaux le 7 juillet, pour honorer la mémoire d’un couple de
policiers assassiné chez lui il y a quatre ans, il s’est envolé le soir même
pour le Lot-et-Garonne, pour les obsèques d’une gendarme fauchée par un
chauffard. Le 12 juillet, le ministre de l’Intérieur choisissait Calais comme
destination et la question des migrants pour thème de sa visite.
Le
vibrion Darmanin n’agit pas pour son compte, même si les projecteurs qui se
braquent sur lui n’ont rien pour le gêner. La ligne politique tracée au nouveau
gouvernement par Macron est claire : faire des sujets de sécurité des
enjeux de premier plan ; faire des images avec des policiers, des
gendarmes, des familles de victimes, multiplier les déclarations viriles et
martiales. Même lorsque le 11 juillet Darmanin s’est rendu à Bayonne, pour
rendre hommage au chauffeur de bus décédé après avoir été roué de coups, il a
pu se servir de l’émotion populaire bien justifiée pour alimenter sa campagne
sécuritaire. Le Premier ministre Castex avait d’ailleurs donné le ton en
visitant, pour sa première sortie, un commissariat à la Courneuve, et en se
rendant le 10 juillet – accompagné de Darmanin toujours – à Dijon pour rappeler
devant les caméras de télévision les affrontements vieux d’un mois dans un
quartier populaire.
Le tour
de France de Darmanin vise à faire taire la grogne policière, à montrer que le
ministre de l’Intérieur est aux côtés de ses troupes. Mais l’enjeu est aussi
plus général et à échéance plus lointaine.
Le
nouveau gouvernement sera celui de l’impuissance face à l’explosion du chômage
et à la montée de la misère, pendant qu’il continuera d’arroser les entreprises
à coups de milliards pour sauver la mise aux actionnaires. Alors, il lui faudra
donner le change. Faire de la surenchère sur le terrain sécuritaire et
l’assaisonner d’une bonne pincée de démagogie antimigrants pourrait bien être
la soupe que Macron servira jusqu’aux prochaines élections présidentielles. Bien
sûr, dans cette course à l’échalote, ce sont les idées et les comportements les
plus réactionnaires qui risquent de l’emporter car, avec la crise économique et
la dégradation des conditions de vie, la violence voire la barbarie du
quotidien amènera du grain à moudre à toutes les démagogies possibles. Sur ce
plan, le nouveau gouvernement est bien parti pour être dans la tête de peloton.
Sans oublier qu’en période de crise il pourrait avoir toujours plus besoin de
la police pour faire face aux réactions populaires.
Boris
SAVIN (Lutte ouvrière n°2711)
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