“Le jour d’après” : rien à
attendre de ces gouvernements !
01 Avril 2020
Face à l’incurie du gouvernement
devant la propagation de l’épidémie, plusieurs organisations syndicales, la CGT
et Solidaires ou associatives et environnementales, comme Les Amis de la Terre,
OXFAM, ou ATTAC, ont publié le 27 mars une tribune intitulée « Plus jamais
ça ! Préparons le jour d’après ».
Cet appel dénonce à juste titre
la « baisse continue, depuis de trop nombreuses années, des moyens alloués à
tous les établissements de santé, dont les hôpitaux publics et les Ehpad »
et réclame, comme tous les soignants, « la mise à disposition du matériel,
des lits et des personnels qui manquent ». Pour freiner la pandémie, les
signataires réclament que seule soit maintenue la production des biens et des
services répondant aux besoins essentiels de la population.
Face à la crise sociale qui
s’annonce, ils préconisent que la réponse financière de l’État soit d’abord
orientée vers « tous les salariés qui en ont besoin ». Ils mettent,
entre autres, en avant l’interdiction des licenciements dans la période, ainsi
que la réquisition de logements vacants pour les sans-abri, des moratoires sur
les factures impayées d’énergie ou de communications.
Évidemment, certaines des mesures
énumérées dans cet appel, si elles étaient appliquées, représenteraient un
premier pas salutaire dans la protection élémentaire de la vie, de la santé des
travailleurs, des personnes âgées et des précaires. Mais la question est de
savoir qui peut mettre en œuvre et imposer de telles mesures d’urgence.
Les signataires de ce texte en
appellent à l’intervention des États et des banques centrales. Leur appel ne
s’adresse pas principalement aux travailleurs, aux habitants des quartiers
populaires, aux militants des syndicats, des associations. Il s’adresse aux
gouvernements, aux politiciens de la bourgeoisie.
La tribune salue ainsi le fait
que Macron ait récemment appelé à des « décisions de rupture » et à
placer « des services […] en dehors des lois du marché »,
ajoutant : « Nos organisations, conscientes de l’urgence sociale et
écologique et donnant l’alerte depuis des années, n’attendent pas des discours
mais de profonds changements de politique, pour répondre aux besoins immédiats
et se donner l’opportunité historique d’une remise à plat du système, en France
et dans le monde. »
Malheureusement, c’est là se
bercer et bercer les travailleurs d’illusions sur la volonté et la capacité des
gouvernements et des appareils d’État à changer de nature et à se mettre au
service de l’intérêt général.
La crise du coronavirus
l’illustre de manière éclatante : dans tous les pays, les chefs de
gouvernement et de banques centrales se sont succédé, dès l’éclatement de la
crise, pour garantir aux capitalistes, aux banquiers, à hauteur de milliers de
milliards de dollars, le maintien de leurs profits.
Mais dans le même temps, ceux-là
mêmes qui ont froidement mis en œuvre la suppression des dizaines de milliers
de lits d’hôpital, la fermeture de structures hospitalières à l’échelle du
pays, méprisant les alertes des professionnels de santé, ont été incapables de
mettre sur pied en deux mois, autre chose qu’un misérable hôpital militaire de
campagne de 30 lits.
Face à la pénurie de matériel de
protection, les soignants en sont réduits à lancer des appels à l’aide à la
population pour la fabrication artisanale de masques et de lunettes à domicile.
Nulle part des usines n’ont été rouvertes ou réquisitionnées pour produire en
urgence les centaines de millions de masques ou de ventilateurs nécessaires,
alors même que les patrons, de façon criminelle, contraignent des millions de
travailleurs à venir dans leurs usines pour fabriquer des biens socialement
inutiles en cette période, comme des voitures ou des moteurs d’avions.
Il ne s’agit pas d’une absence de
réactivité de Macron ou de Philippe mais d’une organisation sociale irresponsable :
celle du capitalisme dont toutes les décisions sont conditionnées par
l’impératif du profit.Ce que démontre la crise, c’est bien que ces politiciens
ne sont là que pour gérer au mieux les affaires de la bourgeoisie. Même quand
le Titanic prenait l’eau, le clairon annonçait aux passagers de la première
classe que leur somptueux repas allait être servi.
On ne peut rien attendre de tels
gouvernants. Il faut mettre fin à cette gouvernance de la société au seul
profit de la bourgeoisie, et à la domination même de cette classe. Les
travailleurs, et eux seuls, peuvent imposer les mesures d’urgence
indispensables pour ne pas prendre de plein fouet le chaos économique et
sanitaire en cours.
Christian
BERNAC (Lutte ouvrière n°2696)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire