Enseignement
: les raisons de la colère
09 Octobre 2019
Le suicide de Christine Renon,
directrice d’école à Pantin, a déclenché une vague de colère parmi les
enseignants et aussi parmi les parents.
Dès le 26 septembre, les parents
d’élèves de l’école ont écrit au ministre Blanquer pour l’interpeller sur le
« cri d’alerte » de la directrice, affirmer leur détermination
« à poursuivre les combats de Christine Renon » et lui demander des
comptes sur le sous-effectif et le manque de formation du personnel d’animation
et d’éducation, dénoncés dans la lettre.
Le 1er octobre, une pétition
syndicale d’hommage à Christine Renon, dénonçant les conditions de travail des
enseignants, a recueilli près de 120 000 signatures en cinq jours. Jeudi 3
octobre, jour des obsèques de Christine Renon, partout en France des milliers
de professeurs d’école, de collège et de lycée ont fait grève et se sont
rassemblés devant les rectorats ou inspections d’académie, avec prises de
parole combatives relayées par la presse. Le même jour, des directeurs d’école
de Pantin ont bravé leur devoir de réserve et publié une tribune dénonçant
leurs conditions de travail.
Tous dénoncent l’épuisement
professionnel des enseignants qui, seuls face à des classes toujours plus
surchargées, sont censés pallier le manque d’infirmiers, de médecins scolaires
et d’assistants sociaux. Ils dénoncent aussi leur sentiment d’impuissance face
aux situations parfois tragiques des élèves, liées au pourrissement de cette
société en crise. Certaines prises de parole, comme à Cahors, ont élargi le
problème du sous-effectif à celui des hôpitaux, des Ehpad, des crèches, des
pompiers, rappelant la destruction de centaines de milliers de postes de
fonctionnaires par les gouvernements successifs.
Face à l’expression de cette
colère, le ministre de l’Éducation nationale et le recteur de Créteil ont fini
par sortir de leur silence. Le premier, en essayant de cantonner le problème à
celui du statut des directeurs d’école, dont il s’est dit « prêt à
discuter ». Le second, en adressant aux enseignants de l’académie de
Créteil un mail écrit dans la langue de bois habituelle : « La
mission qui est la nôtre, transmettre des savoirs et des valeurs, est la plus
grande des missions républicaines. À ce titre, la nation vous doit protection
et soutien. » Ces mots, perçus comme une hypocrisie supplémentaire, n’ont
fait que raviver l’exaspération !
Julie LEMÉE (Lutte ouvrière n°2671)
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