Un million de Britanniques
environ ont manifesté samedi contre le Brexit, lors d’une des marches les plus
massives que le pays ait connues. Le Parlement se déchire depuis des mois pour
savoir s’il doit ratifier l’accord négocié avec l’Union européenne (UE). Et nul
ne sait si et quand le Brexit aura lieu, ni quelles en seront les conséquences.
Il est d’ores et déjà manifeste
que, pour les travailleurs britanniques, le bilan n’est pas celui que
promettaient les démagogues. Le pays, disaient-ils, retrouverait sa
souveraineté. À les entendre, l’argent donné à l’UE serait désormais utilisé
pour améliorer le service de santé, et le niveau de vie progresserait. Trois
ans après, l’avenir radieux promis par les marchands d’illusions s’est
transformé en cauchemar.
Les économies des différents pays
européens sont maintenant entremêlées et, une fois qu’on a fait une omelette,
on ne reconstitue pas aisément les œufs... Chaque bien manufacturé est fabriqué
dans plusieurs pays. Par exemple, dans l’automobile britannique, la majorité
des pièces traversent plusieurs fois la Manche avant d’être assemblées, pour
des voitures souvent vendues… sur le continent européen. Avec le Brexit, les
multinationales réorganisent leur production à l’échelle européenne et des
dizaines de milliers de suppressions d’emplois sont programmées. Alors que plus
de 10 000 camions franchissent la Manche chaque jour, rétablir des contrôles
douaniers serait lourd de conséquences. Aussi les Britanniques font déjà des
stocks de médicaments, qui viennent aux trois quarts du continent, et pour
lesquels, comme dans le cas de l’insuline, des retards d’acheminement peuvent
être dramatiques.
Les partisans du Brexit
dénonçaient l’immigration européenne. Mais, comme ici, de nombreux secteurs, du
bâtiment à l’agriculture, des hôpitaux à la restauration, seraient incapables
de fonctionner sans les immigrés. En opposant les Britanniques aux étrangers,
en renforçant le racisme et la xénophobie, le Brexit a divisé les travailleurs et
les a donc affaiblis face aux capitalistes.
En Irlande du Nord, longtemps
ravagée par une guerre civile, le rétablissement d’une frontière avec la
République d’Irlande, au Sud, menace de rouvrir des plaies encore à vif.
Si, en 2016, de nombreux Britanniques
ont été abusés par les politiciens favorables au Brexit, nous avons en France
des partisans du Frexit. Lors du référendum sur le Brexit, Le Pen
s’enthousiasmait. Et les autres souverainistes français, Dupont-Aignan,
Asselineau et même Mélenchon, s’étaient également réjouis.
Bien sûr, l’Union européenne n’a
pas été construite pour les peuples. Tout y a été fait pour les capitaux et la
finance. Les grandes banques et les multinationales d’Europe de l’Ouest ont
maintenant accès à un vaste marché de plus de 500 millions d’habitants. Les
pays les plus riches ont assis leur domination économique sur les pays les plus
pauvres. Et c’est cette unification capitaliste qu’ont défendue Macron, Bayrou
ou Hollande.
L’UE n’a pas unifié les peuples.
Elle n’a pas harmonisé les droits des salariés. Aujourd'hui, en Europe de
l’Est, le salaire minimum reste partout inférieur à 500 euros. La Grèce,
l’Espagne et le Portugal ont été ravagés par le chômage. Même les droits des
femmes n’ont pas bénéficié de la construction européenne. Les Irlandaises ont
dû se battre pour le droit à l’avortement, qu’elles n’ont obtenu que tout
récemment, et les Maltaises et les Polonaises en sont privées.
Alors, le bilan de l’UE n’est
certes pas glorieux. Mais celui des différents États nationaux n’est pas
meilleur ! Les attaques de Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron
contre le monde du travail n’ont pas été décidées à Bruxelles, mais à Paris.
À l’approche des élections
européennes, Macron et les pro-UE s’opposent à Le Pen, Salvini et aux anti-UE
de l’autre. C’est une mise en scène et un faux combat. Le gouvernement de
Salvini veut obliger les chômeurs à accepter n’importe quel emploi, tout comme
Macron le fait avec ses décrets anti-chômeurs.
En réalité, la seule opposition
qui compte, c’est celle entre les travailleurs et le grand capital. Quelle que
soit leur nationalité, les travailleurs d’Europe, les travailleurs du monde ont
les mêmes intérêts : défendre leur emploi, leur salaire et leur
pension ; contrôler l’économie afin qu’elle fonctionne pour le bien de
tous. Dans les élections européennes, ce sera la campagne de la liste présentée
par Lutte ouvrière, conduite par Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier.
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