Un coup lamentable
Les
prévenus dans cette piteuse affaire viennent d’être relaxés. Une satisfaction
pour tous ceux qui connaissaient la réalité dès le début d’une ténébreuse affaire
montée de toute part. Ci-dessous, un article de Lutte ouvrière du 14 mars
dernier.
Procès de
Tarnac : police menteuse, justice piteuse
Le procès dit de Tarnac vient de
s’ouvrir, près de dix ans après les faits.
En novembre 2008, le
gouvernement, en l’occurrence la ministre de l’Intérieur du président Sarkozy,
Michèle Alliot-Marie, annonçait à son de trompe une grande victoire contre un
complot terroriste. Une armada de gendarmes, une flotte de cars de police, une
nuée de semelles à clous avaient fondu sur une petite ferme de la localité de
Tarnac et embastillé pour des mois huit jeunes gens qui vivaient là. La presse
faisait aussitôt ses gros titres de l’opération et la ministre se pavanait sur
les plateaux de télévision, prétendant avoir terrassé le grand Satan. Les
spécialistes policiers, les politiques et les commentateurs en tout genre défilaient
alors dans les médias, vantant l’excellence des services policiers français et
la nocivité de la prétendue ultragauche.
Les juges chargés d’instruire le
procès ont eu, eux, beaucoup plus de mal à se dépatouiller de l’affaire, au
point qu’ils ont été tentés de la classer sans suite à plusieurs reprises. Les
charges ne tiennent pas, les accusations sont contradictoires et parfois
mensongères, la police et les services antiterroristes semblent avoir monté
l’affaire de toutes pièces. De tout ce vacarme, il ne resterait aujourd’hui que
des fers à béton mettant hors service des caténaires de la SNCF. Si le fait est
avéré, la culpabilité des huit de Tarnac est loin d’être prouvée.
Mais voilà, l’État ne peut pas
admettre avoir emprisonné pour rien huit personnes et leur avoir pourri la vie
pendant dix ans. Des ministres ne peuvent pas venir avouer qu’ils se sont monté
le bourrichon et ont menti au public en toute connaissance de cause. Alors, la
procédure judiciaire a suivi son cours.
Le comportement des ministres de
Sarkozy, montant un coup lamentable pour se faire valoir ou pour déstabiliser
la concurrence, est pitoyable. Mais le fait qu’ils puissent, pour leurs combats
de pieds nickelés, mettre l’État à leur service est révélateur, comme l’est
l’aveuglement volontaire de la machine étatique qui, une fois lancée, va
jusqu’au bout de l’absurdité.
Paul
GALOIS, 14 mars 2018
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