SNCF :
une grève et des cheminots déterminés
Les 8 et 9 avril, pour leur
deuxième séquence de 48 heures, la grève des cheminots était à nouveau massive
et solide. Pepy, le PDG de la SNCF, interrogé le matin du 9 avril, n’a pu que
confirmer que la grève était très suivie.
Ainsi, d’après les chiffres de la
SNCF, les conducteurs étaient en grève à 75 % et les contrôleurs à 71 %. Sur
l’ensemble de l’Exécution, la direction donnait le chiffre de 36 % de
grévistes, en baisse selon elle de 8 %. Mais la CGT quant à elle annonce qu’un
cheminot sur deux était à nouveau en grève les 8 et 9 avril. Elle indique par
exemple que, dans les ateliers de maintenance qui y sont soumis, les
déclarations d’intention de grève (D2I) étaient en hausse de 10 %.
Le seul motif de satisfaction de
Pepy était que le pays ne soit pas complètement paralysé… avec un TGV sur cinq,
un Transilien ou TER sur trois, un Intercité sur six ! Alors que la direction
fait feu de tout bois, tente de mobiliser la hiérarchie pour remplacer des
grévistes, modifie toute la programmation des services et des repos pour tenter
de limiter l’impact de la grève, le fait est là : la grève est puissante, et
pas uniquement chez les roulants. Dans de nombreux ateliers, très peu de rames
sortent lors des jours de grève et la direction est contrainte de reporter des
opérations de maintenance.
La mobilisation se traduit aussi
dans la participation aux assemblées générales. La CGT indique que, le 9 avril,
plus de 13 000 cheminots se sont réunis, soit 2 000 de plus que le 4 avril et
donc près d’un cheminot sur dix. Le 9 avril, une manifestation à Invalides,
près de l’Assemblée nationale, a regroupé plus d’un millier de cheminots.
D’autres manifestations se sont déroulées en province.
La solidité de la grève est aussi
dans les têtes. Édouard Philippe pensait peut-être impressionner les cheminots
en affichant, dans une interview, sa « détermination à aller au bout »
et en déclarant : « Dès le 26 février, lors de ma première déclaration sur
la SNCF, j’ai dit qu’il y avait des sujets qui n’étaient pas négociables :
l’ouverture à la concurrence, la réorganisation de l’entreprise et la fin du
recrutement au statut. Nous n’y reviendrons pas. » Mais de nombreux
grévistes savent qu’en 1995 Juppé affichait la même détermination… avant de
reculer piteusement. Et dans toutes les assemblées de grévistes, dans les
discussions, la détermination reste intacte.
De nombreux cheminots, fiers de
leur mobilisation, constatent l’inquiétude du gouvernement. Plusieurs
grévistes, sceptiques au départ, disent que, cette fois, « on peut gagner !
» Dans de nombreux endroits, lors de diffusions aux usagers, lors d’opérations
sur des péages, dans des rencontres avec d’autres secteurs, les cheminots ont
pu constater le soutien qu’ils ont parmi les travailleurs, malgré la gêne
occasionnée. Et surtout la conviction est générale qu’il s’agit d’une attaque
sans précédent, que l’avenir de tous est en jeu.
Si, dans certaines gares ou
ateliers, une minorité préfère dès à présent rester en grève afin de militer
activement pour les prochaines journées, la grande majorité des cheminots
s’inscrit aujourd’hui dans le calendrier de deux jours de grève sur cinq
proposé par les directions syndicales.
L’objectif est donc partout de
préparer les journées des 13 et 14 avril et de convaincre partout que l’on peut
et que l’on doit faire reculer ce gouvernement.
Christian
BERNAC (Lutte ouvrière n°2593)
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