Loi El
Khomri : le gouvernement veut passer en force
L’écrasante majorité du monde du
travail est hostile à la loi El Khomri. Depuis plus de deux mois, des centaines
de milliers de travailleurs ont fait grève et manifesté pour dénoncer cette
loi. Les jeunes, les salariés des petites comme des grandes entreprises, les
salariés du public comme du privé l’ont dit et redit : ils ne veulent pas
de cette démolition du code du travail.
Et,
comme si de rien n’était, il revient à quelques centaines de parlementaires,
toutes étiquettes confondues, de décider si cette loi s’appliquera ou pas.
C’est grossier.
Et
ça l’est d’autant plus que le débat parlementaire n’est là que pour amuser la
galerie. Le gouvernement se plaint des 5000 amendements déposés et dénonce une
obstruction des députés. Mais il a le pouvoir d’imposer ce qu’il veut.
Hollande
et Valls se sont donné quelques jours pour convaincre la quarantaine de députés
socialistes récalcitrants. Si tant est que l’on peut parler d’arguments et de
conviction quand il s’agit de pressions de l’appareil du PS et de chantage à
l’investiture pour la députation de 2017 !
Les
frondeurs faisant le pari que le navire Hollande est en train de couler et
cherchant un plan B continueront de s’opposer. Quant aux autres, ils
marchanderont quelques réécritures à la marge et rentreront dans le rang.
Alors, les travailleurs auraient tort de compter sur ce genre de
girouettes.
Par
ailleurs, le gouvernement ne le cache pas. S’il ne parvient pas à rassembler
une majorité, il usera de l’article 49.3, comme il l’a déjà fait pour la loi
Macron. Cette loi serait alors adoptée sans vote du Parlement.
Elle
est belle, leur démocratie ! On nous dit que le peuple a le pouvoir et
qu’il l’exerce en élisant le président de la République et les députés. On voit
ce qu’il en est avec des députés qui sont pieds et poings liés au système. On
voit ce qu’il en est, avec Hollande qui a mené une politique contraire de celle
promise.
Et
les mêmes s’apprêtent à nous faire un cinéma identique en 2017 !
Et
faut-il rappeler que Hollande avait fait du « dialogue social » sa
marque de fabrique ? Eh bien voilà sa conception du dialogue social :
passer en force, imposer une loi honnie par la grande majorité des travailleurs
qui sont les premiers concernés.
On
a là un avant-goût du dialogue social que cette loi est censée instaurer. Une
loi qui donnera la possibilité au patronat, sous couvert d’accords
d’entreprise, d’allonger le temps de travail, de réglementer l’organisation des
temps de repos ou de baisser la majoration des heures supplémentaires.
Et
le patronat n’aura pas besoin de vote, ni même de 49.3 : il lui suffira
d’exercer son chantage à l’emploi et à la compétitivité. Il lui suffira
d’exercer tout simplement le pouvoir qu’il a déjà sur les travailleurs.
Le
patron du Medef regrette la première mouture de la loi qui le comblait
davantage. Comme un enfant gâté, il pleurniche parce qu’il n’en a jamais assez.
Jusqu’au bout, il usera de tous les moyens à sa disposition pour que le
gouvernement obtempère à ses ordres.
Il
faut qu’en face, les travailleurs fassent preuve de la même ténacité et qu’ils
usent du seul moyen de pression qu’ils ont : la mobilisation
collective.
Les
quelques reculs que le patronat déplore, par exemple sur le plafonnement des
indemnités prud’homales ou sur les conditions de travail des apprentis, ont été
obtenus grâce aux mobilisations.
Depuis
le 9 mars, des dizaines, des centaines de milliers de travailleurs, de jeunes
et de moins jeunes ont exprimé leur colère et montré leur volonté de se battre
contre cette loi au travers de manifestations, de rassemblements, de
débrayages, de grèves qui ont touché tout le pays.
Jeudi
12 mai, de nouvelles manifestations sont prévues. Ce sera l’occasion de
maintenir la pression sur le gouvernement, et il le faut, car le seul langage
que comprend le pouvoir, c’est le rapport de force.
Hollande
et ses ministres nous répètent que « ça va mieux ». Mais ça va mieux
pour qui ? La minorité capitaliste n’a jamais été à plaindre. Et si cela
va encore mieux pour les marchands de canon et ces PDG qui se payent des
rémunérations équivalentes à 200, 300 Smic, cela empire pour le monde du
travail.
Alors,
les travailleurs ont toutes les raisons de refuser que le gouvernement leur
impose des reculs et des sacrifices supplémentaires. La colère du monde ouvrier
s’accumule depuis quatre ans. Il est plus que temps de l’exprimer.
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