Déclarer
l'état d'urgence contre la politique patronale de Hollande
« Un plan d’urgence pour l’emploi »,
voilà comment patronat et gouvernement veulent encore nous berner au prétexte
de lutter contre le chômage. Cela fait plus de trois ans que le gouvernement
nous mène en bateau. En 2013, promis-juré, les affaires allaient reprendre et
la courbe du chômage s’inverser.
En
2014, grâce au crédit d’impôt compétitivité et au pacte de responsabilité,
synonymes de 50 milliards d’allégements de cotisations et d’impôts pour les
entreprises, le gouvernement et le patronat garantissaient la création d’un
million d’emplois. Pour l’occasion, le Medef avait même réalisé des Pin’s
« 1 million d’emplois ».
En
2015, le gouvernement nous annonçait la reprise. Tels Madame Irma, tous les
ministres voyaient un parfait « alignement des planètes » avec
des taux d’intérêt historiquement bas, un euro plus faible et un pétrole en
baisse. Et puis, avec la loi Macron, le travail du dimanche et la
dérèglementation d’activités, forcément, des emplois seraient créés…
Le
bilan de toutes de ces « années de lutte » contre le chômage s’élève
à un million… de chômeurs supplémentaires ! Depuis que Hollande est élu,
Pôle emploi enregistre 670 000 chômeurs de plus en catégorie A, sans aucun
travail, fût-il à temps partiel, et 1,12 million de plus si on inclut ceux qui
ont eu une activité réduite dans le mois.
Et
voilà qu’Hollande nous fait le coup de l’état d’urgence économique et
sociale !
Pour
les plus de six millions de femmes et d’hommes qui doivent se débrouiller pour
vivre sans emploi, c’est une urgence quotidienne. C’est une urgence vitale pour
des centaines de milliers de jeunes condamnés à l’inactivité et à la précarité.
Pour les licenciés de plus de 50 ans, certains de rester sur la touche s’ils ne
retrouvent pas un emploi très vite, oui, chaque jour compte.
Mais
Hollande n’a rien à faire de cette urgence-là. Ce n’est pas son monde. Il ne
détermine pas sa politique pour répondre à l’urgence et aux besoins des
chômeurs ou des salariés. Il définit sa politique pour répondre aux exigences
du patronat, pour faciliter leurs affaires et leurs profits.
Quant
au patronat, le chômage l’arrange bien ! Il lui permet de faire le
chantage au coût du travail, à la compétitivité et à la délocalisation… tout en
bénéficiant de la politique de lutte contre le chômage qui consiste à arroser
les entreprises à coups de milliards et à liquider les droits sociaux. Et cela
va continuer.
Hollande
a donné les grandes lignes du plan qu’il présentera le 18 janvier. Le patronat,
qui réclame de payer toujours moins la main-d’œuvre, y est déjà bien servi
puisque qu’une nouvelle prime de 1 000 à 2 000 euros serait accordée
à chaque embauche dans les très petites entreprises.
À
côté de cela, il promet – encore et toujours – de relancer
l’apprentissage et il serait prêt à mettre un milliard sur la table pour la
formation de 500 000 chômeurs dans les métiers dits « d’avenir ou en
tension ».
Envoyer
des milliers de chômeurs en formation pour les sortir des chiffres du chômage
permettra peut-être d’inverser la courbe sur le papier et à Hollande de se
présenter pour 2017, mais ce n’est pas cela qui créera de vrais emplois !
Et
puis, il y aura la loi de la ministre du Travail, El Khomri, censée réécrire le
code du travail pour faciliter la tâche des patrons. CDI, 35 heures, indemnités
prud’homales, exonérations de cotisations sociales, le patronat pousse pour
remettre tous les droits des salariés en cause. Pourquoi se gênerait-il quand
le gouvernement a, jusqu’à présent, satisfait toutes ses exigences ?
Les
voilà donc repartis pour une campagne d’intox sur « les freins à
l’embauche » et « la peur du patronat d’embaucher ». Et pendant
ce temps, tous les grands groupes continueront de planifier des suppressions
d’emplois, comme chez Air France, à la SNCF ou dans l’Automobile.
Sans
que cela fasse la une de l’actualité, les licenciements se poursuivent. C’est
le cas du groupe Pentair qui veut fermer son usine à Ham dans la Somme avec 130
licenciements à la clé, d’Avenir Telecom qui a planifié la fermeture de 60
agences et 260 licenciements, du groupe Tetra qui veut licencier 111 salariés
au Havre-Octeville-sur-Mer. Et combien d’autres dans le pays ?
Un véritable plan d’urgence imposerait
d’arrêter cette hémorragie et d’interdire à tous ces groupes de licencier. Il
imposerait la répartition du travail entre tous les salariés sans baisse de
salaire, à commencer par l’embauche immédiate des intérimaires et CDD. Mais, pour
cela, il faudrait déclarer l’état d’urgence contre la rapacité patronale dont
le gouvernement est complice.
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