Grèce,
Espagne, Portugal, Allemagne, France... une même classe ouvrière
Car
contrairement aux tombereaux de bobards que les politiciens et les
commentateurs de tous bords ont déversés depuis des semaines, l’essentiel n’est
pas dans cette dette que les Grecs, nous dit-on, ont creusée depuis des années,
bien avant que Syriza et Tsipras accèdent au pouvoir. Plus encore qu’une
question d’argent, le choix de ces grandes puissances est un choix politique.
Les mots
utilisés, les prétextes invoqués pour justifier cette mise au pilori de la
population grecque, sont destinés à nous enfumer. Ainsi, quand on parle de la
dette grecque, de quels Grecs parle-t-on ? Des femmes de ménage, des
travailleurs du port d’Athènes et des chantiers navals, des petits
restaurateurs qui n’ont rien emprunté et encore moins bénéficié de ces
emprunts ? Ou des armateurs, des actionnaires des groupes du BTP, du
clergé, des Grecs riches qui se sont d’ailleurs bien gardés de laisser leur
magot dans leur pays ?
En fait,
ce qu’on appelle la « dette grecque » a été largement remboursée, et
plutôt dix fois qu’une, au travers des intérêts perçus par les banques
américaines, allemandes, françaises. Et si on n’a pas entendu ici, en France, les
actionnaires de la BNP, de la Société générale ou du Crédit agricole se
plaindre d’avoir été saignés par la Grèce, c’est que leur bilan n’a jamais été
aussi florissant grâce, entre autres, aux efforts fournis, à son corps
défendant, par la population grecque.
Autre
bobard entendu : les Espagnols, les Portugais et d’autres peuples auraient
su faire des sacrifices permettant à leur pays de sortir la tête de l’eau. Une
fois de plus, mensonge ! La majorité des Espagnols, des Portugais (tout
comme les Grecs d’ailleurs) ont fait de très gros efforts, certes, mais pas de
leur plein gré. Bien au contraire. Ce sont leurs gouvernements respectifs qui
ont imposé des réductions massives de salaires, à ceux qui avaient encore un
travail, et une baisse dramatique des indemnités-chômage aux millions de femmes
et d’hommes qui avaient perdu leur emploi ou qui n’en trouvaient pas. Ces
gouvernements ont imposé des coupes drastiques dans les budgets destinés à
l’école, à la santé, au logement. De ce fait, des centaines de milliers de
familles de ces pays vivent aujourd’hui dans la pauvreté, et pour certains
commencent à connaître la faim. Par contre, les banquiers et les industriels de
ces pays n’ont jamais eu à sortir la tête de l’eau pour la simple raison que,
crise ou pas, ils ont confortablement surnagé, flottant sur leurs milliards.
En
réalité, les discours des Merkel, Hollande, Sarkozy, ne sont pas destinés au
seul peuple grec. Ils s’adressent à tous les exploités de tous les pays. Quand
Sarkozy dit qu’en Grèce « on ne travaille pas assez », c’est un
discours mille fois entendu, ici, en France dans la bouche des politiciens de
droite, mais tout autant dans celle d’un Hollande, d’un Valls ou d’un Macron,
d’un Gattaz ou de n’importe quel grand patron. Tous répètent qu’on ne serait
pas assez compétitif, qu’il faudrait travailler plus dur pour un salaire moins
élevé, que nous vivons au-dessus de nos moyens et qu’il faut savoir se serrer
la ceinture.
Par-delà
les frontières, on trouve d’un côté la coalition de ceux qui nous gouvernent,
Merkel en Allemagne, Hollande en France, pour ne citer que ceux qui donnent le
ton, et derrière eux ceux qui tirent les ficelles, les puissances financières,
le patronat. Et de l’autre côté, le camp des exploités, le camp des
travailleurs. Ce qui réunit les premiers, c’est une même volonté d’imposer leur
dictature sur les populations, afin de renforcer l’exploitation et la fortune
des capitalistes.
Notre
solidarité avec les classes populaires grecques ne se réduit pas à un simple
geste de compassion. Car ce qui leur arrive, arrive d’une façon ou d’une autre
à l’ensemble des travailleurs d’Europe. Les défendre, c’est nous défendre. Si
la Grèce n’est qu’un petit pays, la classe ouvrière, rien qu’au niveau de
l’Europe, rassemble des millions de femmes et d’hommes qui, par leur travail,
font vivre et fonctionner toute la société. Elle représente une force énorme
qui, seule, peut inverser le cours des événements.
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