Un
rassemblement de protestation
Demain
jeudi 10 avril
A
14 heures devant le tribunal des prudhommes d’Argenteuil
9
rue des Celtes
Un article de notre
hebdomadaire Lutte Ouvrière du 17 janvier dernier :
Les
tribunaux de prud'hommes menacés
Dans les propositions sur la
justice, un volet spécifique concerne les tribunaux de prud'hommes. Ce projet
est dans la continuité des modifications déjà apportées concernant ces
institutions chargées de juger les litiges entre travailleurs et employeurs.
Les conseils de prud'hommes ont la
particularité d'être composés de juges non professionnels, élus pour moitié
dans le collège des salariés et pour l'autre moitié dans le collège patronal.
De plus, la présidence de ces tribunaux est exercée la moitié du temps par les
conseillers salariés. Cela rend cette forme de justice moins défavorable aux
travailleurs que les autres institutions judiciaires.
Les Prud'hommes ne permettent pas
d'empêcher les licenciements, les abus patronaux ou les entorses au Code du
travail. Mais quand des travailleurs attaquent leur patron devant les Prud'hommes,
ils ont une possibilité d'obtenir d'être rétablis dans leurs droits ou de se
voir attribuer des dédommagements financiers. C'est pourquoi des dizaines de
milliers d'entre eux, en particulier dans les petites entreprises, se tournent
vers les Prud'hommes pour attaquer leur patron en cas de licenciement, d'heures
supplémentaires non payées, etc.
En 2008, le gouvernement Sarkozy avait
fait disparaître 61 de ces conseils dans tout le pays, plaçant ainsi de
nombreux travailleurs devant la nécessité de faire plusieurs dizaines de
kilomètres pour trouver un tribunal des prud'hommes dans leur région. Puis en
2011 il avait imposé une taxe de 35 euros pour pouvoir intenter une action
en justice. Cette somme avait suffi pour diminuer l'accès des plus pauvres aux Prud'hommes.
Enfin, le gouvernement avait très fortement limité la possibilité d'attaquer
son patron pour des faits vieux de plus de trois ans.
Le gouvernement Hollande a certes abrogé
la taxe de 35 euros. Mais les conclusions du rapport actuel, si elles
étaient reprises, représenteraient une remise en cause des droits des salariés.
Le nombre de conseillers prudhommaux serait réduit et il en serait fini de leur
élection par les travailleurs. Outre l'économie envisagée, cela représenterait
un recul.
Actuellement, 82 % des litiges portés
devant les tribunaux de prud'hommes sont tranchés par eux. Les autres cas sont
soumis à un juge professionnel. Les conseillers tranchent donc dans la plupart
des cas, sauf quand le litige peut avoir un impact social ou politique trop
important. Les jugements ne sont pas toujours en faveur des salariés, mais
régulièrement les conseillers salariés et patronaux se mettent d'accord pour
condamner des abus trop visibles. Le gouvernement voudrait donc limiter les
litiges jugés par les Prud'hommes aux seuls cas susceptibles de trouver une
conciliation et faire en sorte que des juges professionnels aient la main pour
trancher toutes les autres affaires.
Aujourd'hui, le cercle se resserre autour
des Prud'hommes, montrant que le gouvernement, inspiré par les patrons,
voudrait bien restreindre le champ de cette justice un peu favorable aux
travailleurs. Dans ce domaine comme dans bien d'autres, il poursuit la
politique de son prédécesseur.
Marion AJAR
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