Le bal des hypocrites
Avec
les manifestations des opposants au mariage homosexuel, la droite maintient la
pression sur le gouvernement. Elle se pose en défenseur de la famille et des
enfants : quelle bande d’hypocrites ! Oui, il y a de quoi s’inquiéter
pour l’avenir des enfants, mais le droit au mariage et à l’adoption des homosexuels
n’y est pour rien.
En France, du fait du chômage, de la
précarité et des bas salaires, un enfant sur cinq vit en dessous du seuil de
pauvreté. Avec la flexibilité, le travail en équipe et la mobilité forcée, les
conditions de travail rendent la vie de famille quasi impossible. Le manque de
logements sociaux contraint des millions de familles à vivre dans des taudis ou
dans des chambres d’hôtel dans des conditions indignes. Mais cette droite des
beaux quartiers n’en a cure.
En plus de défendre un « ordre moral »
hypocrite, elle défend l’ordre social capitaliste et les inégalités, les
injustices qui vont avec. Entendre Henri Guaino, député UMP, demander à
Hollande « qu’il écoute le peuple » ne manque pas de sel : il
fait partie de ceux qui ont condamné des hommes et des femmes à une retraite de
misère en passant en force face à des manifestations réunissant jusqu’à un
million de participants !
La droite se refait une santé en
enfourchant le cheval de bataille du mariage homosexuel. Dans son sillage, il y
a aussi la droite extrême qui pousse à la radicalisation. De la même façon que
les députés UMP ont manifesté à côté de Collard, député du FN, la jeunesse
dorée de droite ne se gêne plus pour manifester bras dessus bras dessous avec
les jeunes d’extrême droite. Et ensemble, ils se sentent pousser des ailes.
Ces gens-là sont politiquement et
socialement des ennemis des travailleurs. Ils essayent de tirer profit de la
déconsidération de Hollande et de son gouvernement, aggravée encore par
l’affaire Cahuzac. Ce sont pourtant les travailleurs qui ont toutes les raisons
de se sentir trompés, trahis par les socialistes au pouvoir.
Le gouvernement a trahi ses maigres
promesses, il laisse le patronat licencier à tour de bras, il laisse le chômage
flamber. Même politique d’austérité que Sarkozy, mêmes attaques sur les
retraites, même augmentation de la
TVA , même discours où l’on nous dit qu’il n’y a plus d’argent
pour les hôpitaux, pour les services publics !
Les travailleurs constatent amèrement que
leurs conditions de vie s’aggravent et que le gouvernement n’a d’yeux que pour
le grand patronat à qui il a octroyé 20 milliards par an au nom de la
compétitivité et à qui il vient de faire un nouveau cadeau : la loi sur la
flexibilité.
Hollande n’est qu’une marionnette dans les
mains du grand patronat, beaucoup de travailleurs le constatent et ceux qui
avaient des illusions en reviennent. Mais le risque existe que les plus écœurés
et les moins conscients se jettent dans de nouvelles illusions.
Marine Le Pen n’attend que cela. C’est une
démagogue qui veut ajouter à son électorat réactionnaire des électeurs venus
des classes populaires car elle veut, elle aussi, aller à la mangeoire.
Derrière sa défense de « la veuve et
de l’orphelin » - à condition qu’ils soient français -, le FN est un
parti qui gouvernerait au profit du grand patronat dans sa variante la plus
autoritaire. Il représente un danger mortel pour les travailleurs.
Il
ne faut pas laisser les beaux quartiers et les fils à papa prétendre parler au
nom du peuple. Ils s’en tiennent encore à proclamer « leur vision de la
civilisation », mais demain ils voudront nous imposer leur loi.
Et ce sera la loi des nantis, habitués
qu’ils sont à être servis sur un plateau. Les mêmes prêcheront aux travailleurs
les sacrifices à faire, ils s’opposeront aux grévistes, les accusant de prendre
la population en otage, ils combattront les syndicats.
Il faut qu’en face les travailleurs
réagissent sur leur terrain et qu’ils montrent à tous ceux qui se gargarisent
du mot « peuple » que c’est le monde du travail qui fait tourner
l’économie et qu’il peut aussi se battre pour ses intérêts.
La droite et les privilégiés ont sauté sur
un prétexte pour combattre le gouvernement ; les travailleurs, eux, ont de
vraies raisons de le faire car il s’agit de la défense de leur emploi, de leur
salaire, de leur retraite, de leur droit à la vie.
Cela exige que les travailleurs se battent
contre le grand patronat, leur ennemi direct mais aussi contre ses serviteurs
politiques, contre ceux qui gouvernent aujourd’hui et ceux qui rêvent de
gouverner demain.
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