Chypre : les
étrangleurs des peuples à l’oeuvre
Après avoir été reléguée au second plan par la démission de Cahuzac et la
mise en examen de Sarkozy, la crise chypriote est maintenant noyée dans les
polémiques et les petites phrases. À droite comme à gauche, les politiciens sont
empêtrés dans les affaires et dans leurs combats de coqs alors que la maison
brûle !
La mise en faillite de la seconde banque chypriote montre la gravité de la
crise financière qui va de rebondissement en rebondissement. Que Chypre, le plus
petit pays de la zone euro, fasse planer la menace d’une explosion de l’euro et
la peur d’un krach bancaire généralisé montre que nous sommes assis sur un
volcan financier.
Les dirigeants européens ont essayé d’éteindre l’incendie chypriote en
proposant de taxer les dépôts bancaires y compris ceux des petites gens. Mal
leur en a pris : l’annonce de cette taxation a failli plonger tout le système
dans le chaos !
Elle a été un coup de tonnerre et pas seulement pour les Chypriotes qui se
sont soulevés contre ce racket, mais pour le monde financier qui a craint
qu’elle ne déclenche une défiance généralisée vis-à-vis des banques. Peu après
avoir annoncé cette mesure, ils l’ont donc abandonnée.
Les chefs d’État sont complètement dépassés par la situation et personne ne
sait ce qui va se passer lorsque les banques chypriotes, fermées depuis une
semaine, rouvriront.
Les dirigeants européens prétendent que leur nouveau plan s’attaque au
paradis fiscal qu’est Chypre et protège les petits épargnants. Ils veulent
maintenant se donner des allures vertueuses. Quel cynisme ! Les petits
épargnants ne seront pas taxés sur leur compte, mais ils le seront autrement.
Ils le seront du simple fait que, sur une île de 700 000 habitants, les milliers
de licenciements prévus dans le secteur bancaire seront une catastrophe, ils le
seront car comme en Grèce ou en Espagne l’austérité appellera l’austérité.
Quant à dire, comme Moscovici, que le nouveau plan s’attaque à « l’économie
de casino » parce qu’il fait payer les gros comptes russes, c’est risible !
C’est l’économie mondiale dans son ensemble qui est une économie de casino, et à
ce jeu là, Chypre ne joue qu’en dernière division.
Toute la classe capitaliste consacre depuis des années une partie croissante
de ce qu’elle tire de l’exploitation des travailleurs et des aides publiques à
spéculer au lieu de l’investir dans la production. Voilà ce qui alimente le
volcan financier.
L’économie capitaliste est le règne de la concurrence anarchique, une guerre
pour les marchés et les profits qui ne peuvent déboucher que sur des crises. Les
« plans de sauvetage » sont autant de fuites en avant, où les dirigeants des
États, font ce que les financiers leur demandent de faire : ils refinancent les
banques, c’est-à-dire réalimentent la spéculation à coups de milliards en
imposant en contrepartie des plans d’austérité drastiques qui conduisent à des
ponctions injustes et criminelles sur les plus démunis.
Dans tous les pays, qui ont subi ce genre de « sauvetage », le chômage a
explosé, les petits commerces ferment, les retraités et les travailleurs sont
réduits à la misère, l’économie a plongé dans la dépression. Le remède est pire
que le mal !
En France, la même spirale de la récession est à l’œuvre : restrictions pour
les hôpitaux, pour les collectivités locales, augmentation de la TVA, remise en
cause des retraites, multiplication des licenciements et baisse du pouvoir
d’achat.
Cette politique est menée par la droite comme par la gauche à l’échelle de
toute l’Europe car les gouvernements n’imaginent pas désobéir aux véritables
maîtres de l’économie que sont les capitalistes. Parce que leur unique
préoccupation est de sauver la mise aux plus riches, sauver leurs profits et
leur fortune, quand bien même ceux-ci sont de dangereux spéculateurs et quitte à
ce que l’économie et la société en meurent.
Mais les travailleurs, principales victimes d’un système aussi injuste que
fou, ne sont pas condamnés à subir. Ils ont pour eux leur nombre et le fait
qu’ils font tourner toute l’économie. Il leur faut renouer avec les valeurs du
mouvement ouvrier car il faut non seulement que les travailleurs se défendent
pied à pied, mais aussi qu’ils prennent conscience qu’ils ont la force, la
puissance sociale pour enlever le pouvoir à la bourgeoisie et à ses pantins
politiques et pour exproprier le grand capital qui mène la société à la
catastrophe.
« L’émancipation des
travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », affirmait il y a
longtemps le Manifeste communiste. Cet objectif n’est pas une nécessité
seulement pour les exploités mais pour toute la société.
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