L'été
pour nous préparer à lutter contre les attaques du gouvernement et des patrons
Macron devant le Congrès et
Philippe devant le Parlement, le pouvoir s’est réparti les rôles pour occuper
les médias. Ils parlent de l’avenir de la France, la patrie, la République.
Mais derrière le show et l’enfumage, il y a une des politiques les plus
férocement anti-ouvrières de ces dernières années.
Pour les travailleurs, la
nouvelle attaque contre le Code du travail vaut tous les discours. La semaine
dernière, le projet de loi précisant le contenu de ces attaques a été rendu
public. Les formulations sont compliquées mais l’idée principale est simple :
la guerre au monde du travail a été officiellement déclarée.
Macron utilise le système des
ordonnances parce qu’il veut aller le plus vite possible en faisant le moins de
vagues possible. Il veut attaquer les travailleurs quand ils sont en congé et
que les entreprises sont fermées ou marchent au ralenti. Car malgré son
arrogance, il craint nos réactions collectives. Et ce que contient son projet
ne peut que nous y pousser.
La primauté serait désormais aux
accords d’entreprise. Ce n’est plus le Code du travail qui serait la règle et
les accords d’entreprise qui seraient l’exception, mais l’inverse.
Tout se ferait au nom du dialogue
social, bien sûr. Quelle hypocrisie ! Avec cette loi, le patronat aurait encore
plus les mains libres au niveau de chaque entreprise pour jouer à fond du
chantage à l’emploi et imposer ses quatre volontés.
Et le projet lui offrirait de
nouvelles possibilités pour cela. Les « CDI de chantier », qui permettent au
patron de licencier sans indemnité à la fin d’un projet, seraient généralisés.
Les durées maximales des CDD et leur nombre successif autorisé pourraient être
redéfinis à l’échelle des branches. Les indemnités prud’homales seraient
plafonnées. Les patrons auraient encore moins à se justifier des licenciements
individuels et collectifs. Le prêt de main-d’œuvre d’une entreprise à une autre
serait étendu… Bref, tout ce qui est encore inscrit dans le Code du travail,
protégeant encore un peu les travailleurs, serait envoyé aux oubliettes.
Le gouvernement nous menace mais
aucune direction syndicale n’a vraiment relevé le gant. Toutes les
confédérations continuent de jouer la comédie des discussions avec la ministre
du Travail. Maintenant que le gouvernement a officiellement abattu ses cartes,
de quoi vont-elles discuter avec lui ? De la longueur des nouvelles chaînes que
le patronat accrochera à nos boulets d’esclaves salariés ?
L’attitude de Berger de la CFDT
est sans surprise. Comme au moment de la loi El Khomri, il se fait le
porte-parole du projet. Pour FO, le revirement de Mailly est spectaculaire. Lui
qui avait appelé à la mobilisation l’an dernier a déclaré : « on est dans un
processus de concertation intense », « on a des discussions sur le fond
». Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. La CGT,
elle, commence à faire le grand écart. Elle a un pied dedans, un pied dehors.
D’un côté, elle joue le jeu des négociations, de l’autre, elle appelle à une
journée de mobilisation pour le mardi 12 septembre.
Eh bien, il faut se saisir de
cette date ! Le gouvernement reprend l’offensive là où Hollande s’était arrêté
avec la loi El Khomri. Reprenons, nous aussi, là où nous nous sommes arrêtés !
Les cinq mois de mobilisation contre cette loi El Khomri sont encore en
mémoire. Des centaines de milliers de travailleurs ont participé au moins à une
manifestation ou à une grève. C’est un point d’appui important.
Dans toutes les entreprises, cette
attaque gouvernementale vient s’ajouter aux offensives patronales déjà
permanentes : l’accélération des cadences, les horaires de travail à rallonge
ou encore les menaces individuelles contre les travailleurs et les militants
syndicaux. Tous ces combats sont liés. La force du camp des travailleurs réside
dans sa capacité à réagir collectivement. Il faut, dans nos têtes, considérer
que toutes ces attaques n’en font qu’une, qui vise l’ensemble du monde du
travail et qui doit nous pousser à réagir tous ensemble.
Toute une partie du Code du
travail a été le fruit des luttes ouvrières du passé, notamment de la grève
générale de juin 1936 avec occupation des usines et de la peur qu’elle a
inspirée au grand patronat. Macron voudrait nous les faire oublier. Nous devons
nous en inspirer. Ces luttes explosives de l’ensemble du monde du travail sont
la voie à suivre.
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