Noyés par
des dirigeants assassins
Publié le 04/11/2024
C’est aux cris « d’assassins » et
sous des jets de boue que le roi d’Espagne, le chef du gouvernement et le
président de région ont été accueillis par les sinistrés de Valence. Et pour
cause !
Mardi dernier, les habitants de
la région ont vu leur vie basculer sous des pluies torrentielles et
meurtrières. Ce dimanche, l’écrasante majorité des sinistrés restaient livrés à
eux-mêmes, ne pouvant compter que sur l’élan de solidarité de la population
venue les aider. Alors, oui, ils ont dit leurs quatre vérités à ceux qui se
prétendent des dirigeants, et ils ont eu bien raison !
Cette tragédie n’est pas « la
faute à pas de chance ». De nombreux morts auraient pu être évités si l’alerte
rouge avait été déclenchée de façon préventive. Alors que l’agence météo avait
averti du danger dès le matin à 8h, les autorités de la province n’ont alerté
qu’à 20h, alors que les rues s’étaient déjà transformées en torrents.
Pourquoi ? Parce que l’alerte
rouge aurait conduit à fermer les établissements publics et les entreprises et
à renvoyer les salariés chez eux. Autrement dit, c’était un jour gâché pour le
commerce et les affaires.
Il y a un an, la présidente de la
Région de Madrid avait été très critiquée pour avoir déclenché l’alerte rouge
alors que les précipitations avaient finalement épargné la capitale. Les
milieux patronaux l’avaient accusée d’avoir péché par excès de prudence. Eh
bien, mardi dernier, les salariés ont travaillé toute la journée, et des
dizaines d’entre eux sont morts noyés en voulant rentrer chez eux !
La même course au profit engendre
le même aveuglement vis-à-vis du réchauffement climatique, principale cause du
problème. Cela fait 30 ans que les climatologues alertent sur le chaos
climatique engendré par le réchauffement de la planète. 30 ans que les chefs
d’État négocient, tels des marchands de tapis, leurs engagements pour réduire
les gaz à effet de serre. Et 30 ans qu’ils piétinent leurs promesses.
Aujourd’hui, le chaos climatique
est là. Il a frappé Valence en Espagne, et, comme on l’a vu en Ardèche et dans
le Pas-de-Calais, il ne nous épargne pas. Le pire est à venir parce que les
dirigeants actuels de la société, la bourgeoisie qui domine toute l’économie,
sont incapables de faire le nécessaire pour freiner le changement climatique.
Les capitalistes considèrent la
moindre norme ou contrainte écologique comme une entrave à la rentabilité et à
la compétitivité, comme un handicap insupportable dans la concurrence
internationale. Et ils obtiennent gain de cause. Aujourd'hui, les trusts de
l’agrobusiness continuent la déforestation, et Total, Shell et Cie vont faire
des forages de pétrole dans les eaux libérées de la banquise. À côté de ça, les
gouvernants nous culpabilisent et nous font la leçon sur notre façon de
consommer ou de nous déplacer !
Les serviteurs et les profiteurs
du capitalisme nous mènent au précipice parce que leur système n’a qu’un seul
but : l’accumulation de capital au travers de l’exploitation forcenée des
hommes et de la nature. Tout le reste passe après : la vie des hommes, comme
l’avenir de la planète.
Ce sont les lois du profit, du
marché et de la concurrence qui décident ce qui sera produit, où et comment.
Les produits de luxe comptent autant que la production de nourriture, les
ventes d’armes autant que les médicaments. Des marchandises similaires peuvent
faire des milliers de kilomètres et se croiser sur les routes. C’est un
gaspillage inouï d’énergie, de ressources et de travail humain.
Au lieu de cela, il faudrait
planifier et rationaliser la production et l’échange en fonction des besoins de
l’humanité toute entière. Ce n’est pas utopique car les moyens existent pour
cela. Ils existent même à l’échelle planétaire.
Ces outils de production et de
planification planétaire sont aujourd'hui contrôlés par les actionnaires des
multinationales comme TotalEnergies, BNP Paribas, Volkswagen, Nestlé, Arcelor,
Amazon, Google, CMA CGM le géant des mers, les compagnies de satellites...
Entre les mains des travailleurs, gérés démocratiquement et collectivement, ils
seraient de formidables moyens pour résoudre les problèmes qui se posent à
l’humanité, la crise climatique mais aussi le sous-développement et les
monstrueuses inégalités.
La perspective d’une organisation
communiste de la société est l’unique espoir de mettre les moyens existants au
service de l’humanité et de la préservation de la planète.
Le capitalisme n’est pas une
fatalité ni une donnée naturelle. Il a été construit et il est défendu par une
classe sociale, la grande bourgeoisie, qui en profite. Le monde du travail a
toutes les raisons de vouloir sa disparition. Aussi lointaine qu’elle puisse
paraître, la révolution communiste reste d’une urgence absolue.
Nathalie ARTHAUD