Médias et
extrême droite : la liberté d’expression des milliardaires
Publié le 03/07/2024
Bien des médias, journaux, radios
ou chaînes de télévision sont sous la coupe de milliardaires, dont certains ne
se privent pas d’y diffuser leurs opinions d’extrême droite.
C’est le cas du groupe Bolloré.
Le milliardaire breton, qui a fait fortune dans la Françafrique, catholique
affiché, a tout d’abord fait main basse sur le groupe Canal+, incluant C8,
Cnews et CStar. Récemment, en prenant possession du groupe Lagardère, il a
avalé Paris Match, Europe 1 et le Journal du dimanche, les transformant en fer
de lance d’une propagande réactionnaire.
Les invités des émissions
politiques et autres « talk-shows » des médias de Bolloré font ainsi partie, en
toute pluralité, de l’éventail allant de l’extrême droite à la droite extrême.
Les émissions ou journalistes récalcitrants ont été à chaque rachat priés
d’aller voir ailleurs. Un ancien journaliste de I-Télé, rachetée par Bolloré
avait confié en 2016 : « Le message c’était : Il y a de l’argent sur
la table, tu le prends et tu t’en vas, ou tu fermes ta gueule à jamais. »
C’est aussi ce qui vient d’être
dit en substance aux journalistes de Marianne, qui s’inquiètent de la prise de
contrôle de leur hebdomadaire par un autre milliardaire catholique
réactionnaire, Pierre-Édouard Sterin, très proche de Bolloré.
Beaucoup s’émeuvent, et on les
comprend, du développement de ce pôle médiatique d’extrême droite. Ils le font
au nom de la liberté de la presse et de la liberté d’expression. Mais sous le
capitalisme, la liberté de la presse n’a jamais été et ne sera jamais que la
liberté des capitalistes de posséder la presse, afin de s’enrichir et de
contrôler l’opinion. C’est ainsi que les médias sont unanimes pour défendre
l’ordre bourgeois, la guerre en Ukraine, en Palestine et sur le terrain social,
face aux travailleurs qui osent relever la tête.
Bolloré n’est pas une exception.
Pendant longtemps, le groupe Hersant, possédait une grande partie de la presse,
régionale et nationale. Le marchand d’armes Dassault a pris sa relève et possède
Le Figaro. L’armateur Saadé, propriétaire de la CMA CGM, vient de
s’offrir BFM-TV et RMC, rachetés à Drahi, dirigeant de SFR, qui conserve Libération.
Les Échos et Le Parisien appartiennent à Bernard Arnault, le
groupe Le Monde à Xavier Niel, dirigeant de Free. Selon un organigramme
publié par le Monde diplomatique, une trentaine de familles de la
grande bourgeoisie se partagent les médias. Voilà ce qu’il en est de la liberté
de la presse sous le capitalisme.
La montée des idées
réactionnaires, racistes et nationalistes relayées à droite et aussi à gauche,
depuis plusieurs décennies, a convaincu certains patrons des médias qu’ils
pouvaient désormais afficher sans retenu leurs idées réactionnaires. Ils
savaient depuis toujours n’avoir rien à craindre de l’extrême droite, mais ils
pouvaient redouter de perdre des lecteurs, des téléspectateurs et donc de
l’argent, en la soutenant ouvertement. Ce n’est manifestement plus le cas.
Christian Bernac (Lutte ouvrière n°2918)
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