L'extrême
droite au capitole : un avertissement pour les travailleurs
11/01/2021
Les images des activistes
d’extrême droite, envahissant le Capitole à Washington, ont stupéfié le monde
entier. Voir un président sortant refuser sa défaite électorale et appeler ses
partisans à marcher sur « l’Assemblée du peuple » était, jusque-là,
le triste privilège des dictatures de pays pauvres. Cette fois, cela s’est
produit dans la première puissance impérialiste mondiale.
Alors oui, cela doit nous faire
réfléchir, et d’autant plus que le mal qui ronge les États-Unis existe aussi
ici, en France : la montée des courants identitaires d’extrême droite,
racistes et xénophobes, dangereux pour le monde du travail.
Ces courants ont toujours existé
aux États-Unis. Le Ku Klux Klan a assassiné des Noirs et terrorisé la
population dans les États du sud des décennies durant. Mais aujourd'hui, les
groupes qui se multiplient, y compris sur des bases complotistes nouvelles, ne
sont pas seulement les fruits du passé raciste, ils sont dopés par la crise
économique, sociale et sanitaire.
Aux États-Unis, comme partout,
les fermetures d’entreprises, le chômage et la misère se sont aggravés depuis
la crise financière de 2008. La peur du déclassement, la haine vis-à-vis de
l’élite au pouvoir, le repli national, identitaire et religieux conduisant à
l’invention de boucs émissaires, se sont renforcés. Ce sont ces sentiments que
Trump a su exploiter pour se faire élire et augmenter le nombre de ses
électeurs après quatre ans au pouvoir. En l’absence de réactions et de
perspectives venant des travailleurs pour changer leur sort, ces sentiments et
ces préjugés nourrissent le développement de l’extrême droite.
Mercredi dernier, ceux que l’on a
vu à l’œuvre représentent une minorité. Le rassemblement appelé par Trump
devant la Maison-Blanche a réuni quelques dizaines de milliers de partisans. À
l’échelle des États-Unis, cela n’a rien d’un-raz-de marée. L’envahissement du
Capitole lui-même n’a été le fait que de quelques centaines de personnes et,
s’il a occasionné des morts, il a pris un aspect carnavalesque. Mais cela ne
prête pas à rire.
Ce qui est aujourd’hui une
comédie peut se transformer rapidement en tragédie parce que, derrière les
déguisements et les postures ridicules, il y a des femmes et des hommes
convaincus de la supériorité de la race blanche. Il y a des groupes paramilitaires
qui ont multiplié les actions violentes, assassinats compris, ces derniers
mois.
Trump a une responsabilité
évidente dans ces évènements. Mais les réduire à sa personnalité et à son
avenir politique revient à se voiler la face. Les forces sociales et politiques
qu’il a renforcées existent indépendamment de lui.
Parmi ses 74 millions
d’électeurs, seule une minorité partage les préjugés réactionnaires et
anti-pauvres des nostalgiques de la ségrégation ou du nazisme. Mais un quart
des électeurs républicains approuverait l’invasion du Capitole et deux tiers
n’en seraient pas choqués, ce qui constitue un réservoir considérable pour
l’extrême droite.
Nombre de dirigeants, à l’instar
de Macron, en ont appelé aux institutions et à la démocratie. Comme si la
subversion n’était pas venue du cœur même des institutions, du haut de la
présidence, de l’intérieur du Parti républicain ! L’action, ou plutôt
l’inaction, de la police montre aussi que le ver est dans le fruit.
Alors que la police est sur le
pied de guerre et a la gâchette facile face aux manifestants noirs ou
antiracistes, on l’a vue, au Capitole, surprise, complaisante, voire complice.
Certains assaillants étaient, eux-mêmes, d’anciens militaires et policiers.
Biden a promis de
« réconcilier l’Amérique ». Mais ni la crise ni l’appauvrissement d’une
fraction croissante d’Américains ne disparaîtront avec son arrivée au pouvoir.
Les huit années d’Obama à la Maison-Blanche ont montré que les démocrates
étaient tout autant que les républicains, des serviteurs fidèles des intérêts
des grands capitalistes et de la Bourse.
L’histoire n’est pas écrite. Ce
qui s’est passé au Capitole restera peut-être un avertissement sans
conséquence. Mais les ingrédients pour le développement d’une extrême droite
fascisante sont là. Et ce n’est pas vrai qu’aux États-Unis !
La même crise du capitalisme et
de son système politique frappe partout et entraîne la montée des démagogues
d’extrême droite. Une force politique qui accéderait au pouvoir en mettant en
action ces courants aux idées réactionnaires serait un pouvoir anti-ouvrier et
dictatorial.
Les travailleurs n’ont pas à
sous-estimer le danger et ils ont encore moins à rester spectateurs. Ils
doivent se préparer à y faire face, moralement et politiquement, en s’organisant
sur la base de leurs intérêts et de leurs perspectives de classe.
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