Masques,
tests, quatorzaine : qui vivra verra
09
Septembre 2020
D’après
les chiffres officiels, le nombre d’infections au coronavirus augmente de 15 %
par semaine. Il y a désormais 574 personnes placées en réanimation, un chiffre
à comparer aux 400 de la fin août, et aux 7 000 atteints lors du pic épidémique
du printemps. Alors que la situation semble devenir critique à Marseille, des
médecins prévoient, si la maladie progresse au même rythme, une nouvelle
situation catastrophique dans les hôpitaux en décembre.
Devant
cette situation, le gouvernement et son ministre de la Santé Olivier Véran
proposent des discours et des rustines. Aujourd’hui les masques sont certes
disponibles, du moins pour ceux qui peuvent se les payer en nombre suffisant,
mais les tests et surtout leurs résultats ont tendance à se faire attendre. Les
conditions d’accueil des jeunes scolarisés, les conditions de travail des
adultes dans les établissements d’enseignement ont de quoi inquiéter. Le
gouvernement, prévoyant des fermetures de classes, serait en train d’étudier
les moyens d’aider les parents à garder leurs enfants. Il serait temps, en
effet…
Dans
les entreprises comme dans les transports en commun, les gestes barrières et
les précautions sanitaires sont réduits à ce qui ne gêne pas la productivité du
travail et, surtout, ne coûte rien au patronat.
Le
débat public s’est focalisé sur la durée de la quarantaine : 14 jours ou 7
jours ? Dans une société organisée par le chacun-pour-soi et l’État pour
le grand patronat, bien des travailleurs indépendants, des salariés précaires
ou sous pression, des mères élevant seules leur enfants ne peuvent sans risque
arrêter de travailler. Alors, faute de leur offrir les moyens d’attendre les
résultats du test puis éventuellement de s’isoler, le ministre de la Santé se
borne à raccourcir les délais.
Véran
voudrait éviter une nouvelle explosion épidémique, car il sait qu’elle
entraînerait la même catastrophe sanitaire qu’au printemps, suivie de la même
désorganisation sociale. L’expérience acquise à l’hôpital lors de la première
vague ne compense pas, il s’en faut, l’épuisement, le sous-effectif chronique,
le manque de moyens, la soumission de la santé aux critères de rentabilité
financière. Pour retarder l’échéance, Véran compte sur les seuls gestes
barrières, mais sans déranger l’exploitation du travail, sans embaucher pour
encadrer les enfants, sans venir en aide à ceux qui ne peuvent s’isoler, sans
même mobiliser les moyens de l’État pour tester systématiquement et rapidement.
Pour
sauver les profits, l’État a immédiatement trouvé les capitaux nécessaires,
quitte à les inventer. Pour combattre l’épidémie, il n’ y a eu que le
dévouement des travailleurs en première ligne et il n’y a que la conscience de
la population elle-même. Le ministre, lui, se contente de danser pour faire
venir la pluie.
Paul GALOIS (Lutte ouvrière n°2719)