Dassault
: aides publiques et chantage à l’emploi
15 Juillet 2020
Éric Trappier, président du Gifas
(Groupement des industries françaises aéronautiques), a récemment obtenu les 7
milliards d’euros d’aide publique présentée comme devant préserver la filière
industrielle et l’emploi chez EADS, Safran, Thales et Dassault-Aviation.
L’aviation commerciale a de son
côté récupéré 8 autres milliards. Trappier étant par ailleurs PDG de
Dassault-Aviation, nul doute que le groupe ne sera pas oublié dans la
distribution.
Sur le site Dassault
d’Argenteuil, après que la direction a été contrainte le 13 mars d’arrêter la
production suite à une grève des travailleurs, qui refusaient alors de mettre
leur santé en danger, l’activité est maintenant repartie. Mais, alors qu’en
moyenne l’entreprise regroupait plus de 1 100 salariés, il n’y en a plus
actuellement qu’environ 850. La direction n’a pas repris nombre d’intérimaires
et prestataires, qui y travaillaient souvent depuis des années. Et maintenant,
elle fait courir le bruit qu’il y aurait 150 ajusteurs en trop sur le site,
dans le but d’alimenter l’inquiétude, espérant ainsi qu’on la laisse
tranquille.
Pour mettre les points sur les
«i», Trappier a tenu mardi 7 juillet une réunion centrale du CSEC qui annonçait
son plan destiné à faire payer la crise aux travailleurs : rapatriement de
tous les travaux effectués en sous-traitance, alors même que les 7 milliards
sont présentés entre autres comme un soutien aux entreprises
sous-traitantes ! Ce que Dassault sous-traite, c’est donc les
licenciements ! Quant aux travailleurs des sites bordelais de Martignas et
Mérignac, ainsi que ceux de Biarritz (Anglet), ils seraient mis prochainement
en chômage partiel. De plus, la direction générale affirme qu’il y aurait
encore entre 350 et 800 travailleurs en trop, la fourchette haute étant
destinée à mettre la pression sur le gouvernement afin qu’il avance les
commandes de Rafale initialement prévues pour les années futures.
Ces licenciements déguisés des
précaires, le chômage partiel pour les uns ainsi que le chantage à l’emploi
pour les autres sont une véritable provocation des actionnaires, pour
l’essentiel la famille Dassault. C’est d’autant plus révoltant que la seule
trésorerie de Dassault-Aviation s’élève à quelque 4,5 milliards d’euros de
réserve. Seulement 0,7 % de cette trésorerie suffirait à assurer une paie
de quelque 3 000 euros brut sur treize mois à 800 travailleurs pendant une
année entière. La santé financière rayonnante du groupe n’a absolument pas
dissuadé le gouvernement de servir les Dassault, parasites de longue date dans
la captation des aides publiques, sans même faire semblant d’exiger une
contrepartie comme le maintien de tous les emplois.
Chantage à l’emploi et aux aides
publiques, Dassault n’a aucun complexe à défendre sa fortune coûte que coûte.
Alors, pour le maintien de tous les emplois et l’intégralité des salaires, face
à ce rapace qui empoche sans vergogne l’argent public pour grossir son trésor
de guerre, il va falloir se battre pour le contraindre à puiser dans sa
réserve.
Correspondant
LO (Lutte ouvrière n°2711)