15 Juillet 2020
Les crânes de 24 résistants à
l’invasion française du 19e siècle en Algérie y sont revenus le 4
juillet. Ces crânes de victimes des massacres commis par l’armée coloniale
entre 1849 et 1854 avaient été transférés en France comme des trophées de
guerre, puis conservés dans des boîtes au Musée de l’Homme à Paris.
Depuis des années, des historiens
s’étaient mobilisés pour que ces restes mortuaires soient rendus à l’Algérie.
Parmi eux figurent ceux de Cherif Boubaghla, qui fut à la tête d’une
insurrection populaire dans la région du Djurdjura en Kabylie, ou de Cheikh
Bouziane, le chef de la révolte des Zaâtcha de la région de Biskra en 1849.
Longtemps, l’État français a cherché à effacer la mémoire de ces insurrections
et de cette résistance à la colonisation.
La guerre de conquête de
l’Algérie dura huit ans et fut particulièrement atroce. L’essentiel des opérations
furent des razzias où des troupes spécialement entraînées frappaient par
surprise les habitants des régions fidèles à la rébellion d’Abd-el-Kader.
Suivant les ordres de leur commandement, les troupes françaises pillaient,
massacraient, brûlaient les récoltes, abattaient le bétail, réduisaient les
gens à la famine.
De la conquête à la guerre
d’indépendance, de 1830 à 1962, l’armée et l’État français se sont rendus
coupables d’innombrables crimes. On estime qu’entre 1840 et 1848 la population
diminua d’un tiers. Et il fallut plus de dix années supplémentaires de viols,
de décapitations, de massacres pour réussir à briser la résistance de la
Kabylie.
Cette guerre inaugurait 130 ans
de colonisation, achevée par une autre guerre atroce, et l’exploitation des
richesses de l’Algérie par la bourgeoisie française. Cette exploitation se
perpétue sous d’autres formes et la restitution de ces 24 crânes ne peut ni
faire pardonner le passé ni faire oublier le présent.
C.C. (Lutte ouvrière n°2711)
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