Servir de
marchepied à un politicien bourgeois ou faire entendre le camp des travailleurs
?
Appels à rejoindre la
manifestation du 15 septembre contre la loi El Khomri, dénonciation des
licenciements chez SFR ou encore de la fermeture de l’usine Alstom de Belfort
programmée pour 2018… Les militants du PCF qui ont animé la fête de L’Humanité
lui ont donné, comme chaque année, un caractère ouvrier et militant.
Mais si les problèmes du monde
ouvrier sont au cœur des préoccupations de beaucoup de militants, on ne peut
pas en dire autant de la direction du PCF. Ce qui la préoccupe, ce sont les
problèmes… de la gauche.
Alors que de plus en plus de
travailleurs ont compris qu’ils avaient autant d’ennemis chez les politiciens
de gauche que chez ceux de droite, que leur dit la direction du PCF ?
Qu’il faut rassembler la gauche et lui trouver un candidat unique !
Pierre Laurent, le secrétaire
national du PCF, est prêt à soutenir ce candidat, sans même exiger de lui quoi
que ce soit pour les travailleurs. Il le voit même parmi les Montebourg,
Duflot, Hamon, tous anciens ministres de Hollande.
A-t-il oublié qu’ils ont tous été
les exécutants de la politique de Hollande ? Qu’ils ont applaudi au pacte
de responsabilité et à tous les cadeaux patronaux ? Qu’ils se sont
félicités des accords de compétitivité imposés aux travailleurs à coups de
chantage patronal ? Les ouvriers, ceux qui ont perdu leur emploi, eux, ils
ne l’oublient pas !
Aujourd’hui, Montebourg dénonce
le « laisser-faire » du gouvernement et le rend coresponsable de la
fermeture programmée d’Alstom à Belfort, mais qu’a-t-il fait lui-même pour
empêcher celle de l’usine Citroën d’Aulnay ? Il a gesticulé pour sauver
Florange mais il a fini par se coucher devant Mittal, laissant des travailleurs
sur le carreau malgré ses promesses.
C’est dans ce genre de
politiciens que les travailleurs devraient placer leur confiance ?
Exactement comme il l’a fait avec Mitterrand puis avec Jospin, le PCF veut
recréer des illusions dans la gauche gouvernementale et refaire une virginité à
des politiciens, qui pensent en bourgeois et sont attachés à l’ordre bourgeois.
Et Jean-Luc Mélenchon est aussi à
ranger dans cette catégorie. Il prétend, comme tous les autres, avoir une
politique pour la « France » en occultant le fait essentiel pour le
monde du travail : la lutte de classe acharnée que mène le patronat pour
faire reculer les salaires, les conditions de travail et aggraver l’exploitation.
Les travailleurs qui se battent
au jour le jour pour leurs intérêts vitaux le savent : il n’y a pas
d’entre deux. Le grand patronat mène ses attaques de façon impitoyable pour ses
profits et sa rentabilité. Pour être du côté de la classe ouvrière, il faut
être contre le grand capital. Il faut être résolu à combattre ses profits, il
faut se préparer à lui faire la guerre.
Mélenchon est en guerre contre
beaucoup de choses, contre les traités européens, contre la politique de
l’Allemagne, contre les États-Unis, mais pas contre le grand patronat, pas
contre son pouvoir sur l’économie, pas contre le système d’exploitation qui est
à la base de la condition ouvrière.
Les politiciens qui ne s’engagent
pas à faire payer la bourgeoisie et à s’appuyer sur les travailleurs mobilisés
pour le faire se destinent à servir la bourgeoisie. C’est sur cette base que
les travailleurs peuvent juger qui sont leurs amis et leurs faux-amis. Et c’est
cette boussole de classe que le PCF s’acharne à casser.
Les perspectives politiques du
PCF ne sont pas fondées sur les intérêts et les luttes du monde ouvrier. Elles
sont fonction des alliances électoralistes censées préserver ses élus à
l’Assemblée nationale ou dans les collectivités territoriales. Ce sont des
calculs stériles, illusoires et démoralisants pour ses propres militants. C’est
ce qui a affaibli le mouvement ouvrier et créé le désarroi politique que l’on
connaît dans les classes populaires.
La campagne présidentielle à
venir peut servir au combat des travailleurs si elle est l’occasion de faire
avancer la conscience ouvrière. Cela commence par affirmer clairement les
intérêts matériels et politiques des travailleurs. Par affirmer la nécessité de
prendre sur les profits pour répartir le travail, augmenter les salaires et les
petites retraites.
Il faut faire entendre le camp
des travailleurs et lever le drapeau des luttes ouvrières. L’avenir de la
société dépend de ce combat, car la société peut se passer de la bourgeoisie de
plus en plus parasitaire, mais pas des travailleurs qui font tout tourner et
produisent toutes les richesses.