Des
bombes pour la Syrie et des barbelés pour les réfugiés
Les principaux dirigeants de la
planète sont réunis à New York pour l’assemblée générale de l’ONU. La Syrie
sera leur sujet principal. Oh, ils ne discuteront pas de l’aide humanitaire
urgente à apporter aux millions de réfugiés syriens, ce n’est pas leur
problème ! Ils discuteront alliances - y compris avec des dictateurs sanglants-,
bombardements, guerre.
Que la
réunion débouche ou pas sur un accord, il ne fait plus de doute que les grandes
puissances vont intensifier la guerre contre Daech en Syrie avec, peut-être
dans quelques mois, une nouvelle intervention terrestre. Une fois de plus, on
nous explique que la guerre est la seule façon de rétablir la
« stabilité » dans la région. Mais quelle stabilité y a-t-il en
Afghanistan ou en Irak après des années de guerre et d’occupation
américaine ?
Il n’y
aura pas de stabilité en Syrie tant que cette région restera un terrain de
rivalités et de manigances pour les grandes puissances. Des États-Unis à la
Russie en passant par le Qatar, la Turquie ou l’Iran, chacun alimente le chaos
en soutenant telle bande armée contre telle autre, en montant les chiites ou
les Kurdes contre les sunnites quand les autres font le calcul inverse.
Et parmi
toutes ces manœuvres, il y a les minables petits calculs des dirigeants
français, comme ces frappes aériennes commandées à point nommé la veille de
l’ouverture de la réunion de l’ONU pour faire en sorte que les intérêts des
pétroliers et des marchands de canon français ne soient pas oubliés dans les
tractations.
Pour la
droite et le FN, Hollande n’est encore pas assez va-t-en guerre ! Avec un
cynisme assumé, Marine Le Pen et nombre de responsables de droite expliquent
qu’il faut s’appuyer sur Bachar Al-Assad quand bien même il est responsable
d’avoir mis son pays à feu et à sang bien avant que Daech n’existe.
Parmi
ceux qui quittent la Syrie, beaucoup fuient les bombes et le régime d’Assad. Et
tout ce que les politiciens français trouvent à leur dire, c’est « restez
dans votre pays, nous allons continuer de bombarder et aider Assad à conforter
son régime » !
La
politique prônée par ces dirigeants en Syrie est criminelle. Et elle l’est
encore quand ils défendent la fermeture des frontières et érigent de nouveaux
murs et barbelés contre ceux qui ont pris la route de l’exode ou lorsqu’ils
mégotent sur leur accueil, comme le fait Hollande.
Il faut
la liberté de circulation et d’installation pour les migrants. Il faut
l’ouverture des frontières. Il y a déjà eu trop de morts, trop de naufrages,
trop de personnes électrocutées à Calais ou mortes asphyxiées dans des camions.
Ceux qui
parmi les travailleurs sont sincèrement inquiets de ce qu’il y a déjà beaucoup
de chômeurs doivent avoir en tête que le chômage, la précarité et les bas
salaires ne dépendent pas de l’arrivée des migrants. Ils dépendent du rapport
de force avec le patronat et des luttes que le monde du travail est capable de
mener contre les licencieurs et tous ces groupes capitalistes rapaces.
L’emploi
n’est pas un stock limité qu’il faudrait se partager et le chômage n’est pas
une loi de la nature. Ils résultent de la politique patronale qui consiste à
exploiter au maximum ceux qui travaillent quand bien même toute une fraction de
la jeunesse se morfond au chômage.
Pour
faire taire tout sentiment d’humanité vis-à-vis des migrants, les dirigeants
répètent « qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Comme
si les travailleurs n’avaient d’autre choix que de se partager la misère !
Comme s’il fallait se résigner à être en concurrence les uns avec les autres
quand les richesses s’accumulent dans les mains d’une minorité !
La
bourgeoisie et ses laquais politiques opposent les intérimaires aux CDI, les
salariés du privé aux fonctionnaires, pour masquer leur responsabilité dans le
recul des conditions de vie de la classe ouvrière. Cette fois, ce sont les
migrants qu’ils présentent comme un danger. Eh bien, les travailleurs ont
intérêt à ne pas se tromper de camp et à être solidaires des migrants contre
tous ces dirigeants !
Le monde
ouvrier a intérêt à soutenir la liberté de circulation et d’installation des
migrants. D’abord parce que tous les travailleurs sont des migrants potentiels
et ont à se déplacer au gré des fermetures d’entreprises et des crises.
Ensuite
parce que les migrants sont de futurs frères de classe. Même si certains
d’entre eux avaient des vies de médecin, d’avocat ou de commerçant dans leur
pays, ils deviendront ici, pour la plupart, des exploités, des camarades de
travail. Pour qu’ils deviennent de futurs camarades de lutte contre le chômage
et l’exploitation, il faut les accueillir comme des frères.