Rafale,
un engin de mort et un gâchis social
Après avoir vendu 24 Rafale à
l’Égypte et 36 à l’Inde, Hollande s’est déplacé au Qatar pour signer un contrat
de 6,3 milliards d’euros portant sur 24 appareils. Le Rafale, réputé
invendable, est en passe de devenir un succès commercial.
S’en
féliciter est déplacé. Il ne s’agit pas de vendre des sacs à main ou une bonne
comédie de cinéma, mais des engins de mort !
L’actuelle
lune de miel entre la France et les États du Golfe, qui ont invité Hollande à
leur conseil de coopération, découle de l’engagement militaire et politique de
la France à leurs côtés. Elle est le fruit de cette politique sordide qui
consiste à tisser des alliances pour favoriser les intérêts de la bourgeoisie
française dans le monde.
Cette
politique n’est guidée ni par la recherche de la paix, ni par la lutte contre
le terrorisme. D’ailleurs, qui croira que la France défend la démocratie avec
le régime du général Al-Sissi, qui liquide dans le sang toute tentative
d’opposition en Égypte ! Qui croira que la France lutte contre le
terrorisme quand elle arme le Qatar, cette monarchie pétrolière connue pour son
soutien à des milices fondamentalistes dont les valeurs moyenâgeuses n’ont rien
à envier aux groupes armés qui se réclament de l’État Islamique !
Ces
ventes résument le cynisme de la politique extérieure française. La France a
beau être devenue un impérialisme de seconde zone, tous les gouvernements qui
se succèdent se battent pour maintenir le rang de la bourgeoisie française dans
le monde. Et Hollande est un défenseur zélé de cette politique.
Si Sarkozy
a mené une guerre, en Libye, Hollande en a déjà trois à son actif : au
Mali, en Centrafrique et en Irak. S’il avait obtenu l’accord des États-Unis, il
se serait bien vu, en outre, participer à la guerre en Syrie. Et c’est sans
compter les soldats stationnés au Liban et en Afrique.
Et comme
l’argent est le nerf de la guerre, Hollande vient de décider une rallonge de
3,8 milliards des crédits de la Défense prévus jusqu’en 2019. Le gouvernement
coupe dans toutes les dépenses sociales mais il y aura plus d’argent pour les
interventions militaires qui ne font qu’alimenter le chaos, les dictatures et
les terroristes.
Dans la
politique va-t-en guerre et dans la vente des Rafale, Hollande sera allé plus
loin que Sarkozy !
Non, le
Rafale n’est pas une bonne affaire, ni politiquement, ni économiquement. Il est
et restera un immense gâchis d’argent public.
Pour
soutenir le Rafale, l’État s’était engagé, en cas d’échec à l’exportation, à
acheter la totalité de la production annuelle, soit un minimum de 11 avions par
an. Ce qu’il a fait pendant 20 ans. Au prix unitaire de 150 millions, cela a
donc coûté entre un et deux milliards par an. Alors, si bonne affaire il y a,
elle est pour les profits de Dassault, Thales et Safran.
Quant à
soutenir le Rafale au prétexte que cela créerait des emplois, c’est stupide. La
drogue et la prostitution créent aussi des centaines de milliers d’emplois,
faut-il applaudir ? À ce compte-là, il faudrait aussi souhaiter les
guerres puisqu’elles assurent toujours le plein emploi !
L’industrie
de l’armement est le symbole de l’immense gâchis de capital et de travail que
constitue l’économie capitaliste et le signe d’une société pourrissante.
En Égypte
et en Inde, avec les milliards dépensés pour acheter les Rafale, combien de
routes, de ponts, d’écoles et de dispensaires pourraient être construits ?
Combien de villages pourraient être électrifiés ou raccordés à l’eau
potable ?
En
France, imaginons que les ouvriers et les ingénieurs que l’on fait travailler
sur le Rafale et qui ont des compétences formidables travaillent sur des
programmes d’aviation civile, de transport public, dans la recherche médicale
ou dans le secteur de l’énergie. Combien de cœurs artificiels, de TGV,
accessibles à toutes les bourses, pourraient être fabriqués ? Là, on
pourrait parler de progrès.
L’économie
marche sur la tête parce qu’elle est dirigée par une minorité obsédée par le
profit et prête à faire tout et n’importe quoi de son capital, pourvu que cela
lui rapporte.
Pour y mettre fin, il faut enlever à cette minorité de droit de décider au nom
de tous. Le capital qui lui donne ce pouvoir est le fruit de notre travail à
tous. C’est collectivement qu’il faudrait décider de son utilisation, des
productions et des emplois à développer.
C’est à
cette condition que l’on pourra en finir avec l’exploitation, les inégalités et
les guerres qui en découlent. Alors, le Rafale pourra être remisé au musée des
antiquités, à côté du silex biface et de la catapulte.