Le Parti
socialiste récolte ce qu’il a semé
La défaite cinglante du Parti
socialiste a donc poussé Hollande à sacrifier Ayrault et à le remplacer par
Valls. Tous les commentateurs ainsi que la gauche vont gloser, de nouveau, sur
le « changement ». Mais personne ne peut croire qu’il suffira de
remplacer Ayrault par Valls pour mettre un coup d’arrêt au chômage et au recul
des conditions de vie !
Le nouveau gouvernement décidera au mieux
un coup de pouce aux plus défavorisés mais il ne sera que symbolique et il ne
suffira pas à compenser les reculs qui dégradent la vie de millions de
familles.
En admettant que Valls puisse conduire son
équipe avec plus de poigne qu’Ayrault, cela ne changera rien au fait que le
gouvernement n’a pas de prise sur l’économie capitaliste. Ayrault a été
impuissant face à la crise, comme l’a été le duo Sarkozy-Fillon et comme le
sera le prochain attelage ministériel.
La personnalité de Hollande n’y est pour
rien. Hollande, Sarkozy et ceux qui rêvent de les remplacer, Le Pen comprise,
se placent tous dans le cadre de la société capitaliste dominée par la
bourgeoisie. Ils s’engagent à gérer ses affaires et se mettent de fait sous la
dépendance du grand patronat et des financiers qui font et défont l’économie.
Autant dire que le remaniement gouvernemental,
censé répondre au désaveu exprimé dans les urnes, ne changera que la vie des
ministres d’hier et de demain.
Au-delà de cette agitation
institutionnelle, les résultats des municipales expriment un rejet profond de
la politique de Hollande par les classes populaires. Même dans les villes
ancrées depuis des décennies à gauche comme Nevers, Roubaix, Quimper, ou encore
Limoges, dirigée par la gauche depuis 1912, les électeurs ne se sont pas
mobilisés et les villes sont passées à droite.
Les socialistes espéraient un sursaut chez
leurs électeurs. En vain ! Il est un chiffre qui ne trompe pas, celui de
l’abstention. À 38 %, et souvent 50 ou 60 % dans les quartiers
populaires, celle-ci donne la mesure du discrédit du pouvoir socialiste qui
s’était déjà manifesté au premier tour.
En moins de deux ans, le gouvernement
socialiste a déçu et écœuré jusqu’à l’électorat le plus ancien et le plus
populaire du Parti socialiste. Et pour cause !
À la crise et aux attaques patronales,
s’est ajoutée la politique anti ouvrière du gouvernement. Au chômage, se sont
ajoutés le chantage à la compétitivité, la flexibilité, les reculs des droits
sociaux encouragés et légalisés par le gouvernement. Au recul des salaires et
du pouvoir d’achat se sont ajoutées les augmentations d’impôt.
La victoire dont la droite se prévaut est
la conséquence du rejet massif du PS par les classes populaires. Les électeurs
de droite ont voté là où les électeurs de gauche se sont abstenus pour ne pas
cautionner les représentants d’un gouvernement qui les piétine.
Quant à la poussée du Front national dans
les quartiers ou certaines villes populaires, elle résulte, elle aussi, de
l’écœurement et du sentiment de trahison que la gauche au pouvoir a engendrés.
Lutte Ouvrière n’était pas présente au
second tour de ces municipales. Là où les listes Lutte Ouvrière existaient au
premier tour, elles ont permis à tous ceux qui voulaient rejeter le
gouvernement de le faire en affirmant les objectifs propres aux travailleurs,
en particulier l’interdiction des licenciements et la répartition du travail
entre tous.
Cette politique, pour faire entendre le
camp des travailleurs, a été approuvée par près de 72 000 électeurs qui ont
voté pour l’une des 204 listes que nous avons présentées.
Ces suffrages montrent qu’il existe un
courant dans la classe ouvrière qui, en dehors du jeu des politiciens
bourgeois, met en avant le combat des travailleurs pour leurs intérêts de
classe. Une fraction qui veut affirmer son rejet de l’ordre capitaliste et de
l’exploitation qui mènent toute la société vers la catastrophe. Il faudra que
ce courant continue d’affirmer aux élections européennes une politique, des
valeurs et des objectifs exprimant les intérêts de la classe ouvrière.
Le glissement à droite de la vie politique
nationale est l’expression d’un recul pour les travailleurs, avec des
conséquences directes pour ceux qui habitent les villes passées au FN.
On ne contrecarrera pas ce courant dans
les urnes en se raccrochant au vieux fatras réformiste, même remis au goût du
jour, ni en restant passif devant les comédies électorales.
Le salut pour la classe ouvrière viendra
de ses mobilisations pour changer le rapport de force, en un mot, de la lutte
de classe consciente.