lundi 4 novembre 2013
Pour l’emploi, imposer au
patronat l’interdiction des licenciements
Comment ne pas se sentir
solidaire de la colère qui s’est manifestée samedi à Quimper ? Comment ne
pas partager la révolte des ouvriers de Doux, de Gad ou de Tilly Sabco ?
Comment ne pas comprendre celle de ces petits agriculteurs ou de ces pêcheurs
qui se versent tout juste un Smic ?
La Bretagne est brutalement frappée par la
disparition de près de 8 000 emplois dans l’agroalimentaire en quelques mois.
Mais bien d’autres régions subissent le même sort et la même colère couve aux
quatre coins du pays.
Depuis que la crise a éclaté en 2008, des
dizaines de villes ont vu leur unique usine fermer ses portes. À chaque fois,
c’est toute la population laborieuse qui est frappée, les artisans, les
restaurateurs, les coiffeurs ou les buralistes qui voient leur clientèle
s’appauvrir ou partir.
C’est ce qui se passera à Amiens si
Goodyear ferme ses portes en mettant sur le carreau ses 1 173 ouvriers. À
Roubaix, si La Redoute licencie 700 employés, en Vendée, si FagorBrandt met la
clé sous la porte.
Avec la crise, les travailleurs
qui forment la classe productive et constituent la base indispensable au
fonctionnement de la société sont plongés dans le chômage et la misère. Ils
sont acculés à la survie, quand les quelques milliers de grands bourgeois et de
spéculateurs qui ne sont que des parasites prospèrent, aidés par tous les
gouvernements qui se succèdent.
Que les travailleurs fassent entendre leur
voix, leurs intérêts d’exploités, est une nécessité vitale.
En Bretagne, la colère des
petits agriculteurs, des pêcheurs et des routiers contre l’écotaxe se mêle à
celle des ouvriers. Et il y a de quoi ! Cette taxe n’est pas conçue pour
faire payer les grandes firmes de transport sur leurs profits, ni même les
grands groupes de l’agroalimentaire et de la distribution.
Au contraire, tout est fait pour que
l’écotaxe pèse sur les plus petits. Car si les grandes entreprises ont les
moyens pour répercuter leurs coûts sur les consommateurs, ce n’est pas le cas
des autres.
L’écotaxe n’est qu’une taxe de plus qui
retombera aussi, si elle est mise en œuvre, sur tous les consommateurs, plus
pauvres compris. Elle fait partie de la politique anti-ouvrière du
gouvernement.
Que la mobilisation en Bretagne l’ait déjà
forcé à reculer sur cette taxe est une bonne chose.
Quant à la lutte contre les licenciements,
la seule façon de la mener à bien, c’est de se battre clairement contre le
grand patronat et contre le gouvernement à son service.
Ayrault va recevoir les organisateurs de
la manifestation bretonne cette semaine. Le Medef local représentant les
familles bourgeoises de la région, dont font partie les Doux mais aussi les
Pinault, les Bolloré et les Leclerc, y sera en bonne place. Mais ce ne sera pas
pour défendre les intérêts des petits agriculteurs ni des pêcheurs !
Si le gouvernement annonce de nouvelles
aides, en plus des 15 millions déjà promis il y a trois semaines à
l’agroalimentaire, les plus petits de la filière n’en verront pas la couleur
tant il est évident que dans ce système capitaliste, ce sont les plus gros qui
font la loi. Ces millions grossiront les profits des groupes de
l’agroalimentaire qui continueront, comme si de rien n’était, à licencier et à
comprimer les salaires.
Voir des patrons prétendre parler au nom
des travailleurs est odieux. Qui décide de tous ces licenciements ? Qui
impose des cadences insupportables, des salaires de misère et des conditions de
travail qui démolissent la santé des travailleurs, si ce n’est ces
gens-là ?
Pour lutter contre le chômage, il faut
combattre les licencieurs, c’est-à-dire les capitalistes. Il faut se battre
pour l’interdiction des licenciements et pour la répartition du travail entre
tous sans diminution de salaire. Et face aux mensonges du grand patronat et de
ses serviteurs politiques qui prétendent que c’est chose impossible, il faut
revendiquer la levée du secret des affaires.
Les travailleurs ne peuvent défendre leurs
conditions de vie qu’à condition de faire la lumière sur les circuits de
l’argent produit par leur exploitation. Qu’à condition qu’ils revendiquent leur
dû contre la bourgeoisie.
C’est en combattant les capitalistes de la
distribution, de l’industrie et de la finance que les travailleurs entraîneront
derrière eux les autres catégories sociales qui vivent de leur travail sans
exploiter personne. Ce sont les ouvriers, les exploités qui doivent prendre la
tête du combat car ils sont les seuls à n’avoir aucun intérêt à cette société
d’exploitation, les seuls à pouvoir contester la dictature de la bourgeoisie et
de ce système capitaliste qui ruine toutes les classes populaires.