Le gouvernement n’attendra même pas la fin des congés pour déclencher son attaque contre les retraites. Il veut rendre public le projet de loi dès la fin août et expédier le tout avant la fin septembre. Le détail des mesures n’est pas encore connu, mais il est certain qu’il s’agit d’une attaque générale contre les retraités d’aujourd’hui et de demain, comme au temps de Sarkozy et pire que Sarkozy.
Les ministres et les médias aux ordres répètent à satiété qu’une réforme est indispensable si on veut sauver le système de retraite. C’est de la propagande mensongère. Le système de retraite, ils sont en train de le tuer. De réforme en réforme, l’âge de départ en retraite à taux plein est repoussé et la pension diminue. Passons sur les arguments : toujours le même bourrage de crâne invoquant l’accroissement de la durée de vie. Mais la durée de vie ne cesse de s’allonger depuis plus d’un siècle sans que l’âge de départ en retraite soit repoussé en conséquence. La productivité augmente sans cesse, ce qui fait que le travail rapporte de plus en plus et devrait permettre d’assurer aux travailleurs le droit de partir à la retraite avec une pension digne.
Le capitalisme n’a jamais été capable d’assurer ce droit élémentaire aux exploités usés par le travail. Mais pourquoi même le peu qui était possible avant devient-il d’un seul coup impossible ? La raison n’a rien à voir avec la démographie.
Elle a à voir avec les rapports de classe. Elle a à voir avec le fait que le grand patronat, la bourgeoisie veulent continuer à s’enrichir malgré la crise en volant toujours plus les travailleurs. Directement, en faisant faire plus de travail avec moins de salariés, plus mal payés, ce qui a pour conséquence les licenciements et l’aggravation du chômage. Indirectement, en faisant faire par les gouvernements successifs le sale travail de vider les poches des exploités pour remplir les coffres forts des possesseurs de capitaux.
Pas un mois sans augmentation des prélèvements de l’État, à commencer par les impôts ! Les prix, y compris ceux qui dépendent totalement ou partiellement de l’État comme, par exemple, l’électricité et le gaz, ne cessent d’augmenter, alors que les prestations et les allocations diminuent.
Il y a un gigantesque transfert des plus pauvres vers les plus riches. Les officines de statistiques ont fait état du bond spectaculaire des profits des grandes entreprises et surtout de la fortune de leurs propriétaires et de leurs actionnaires. Ainsi, les 500 plus grandes fortunes de France ont grimpé de 25 % en un an ! Le fait que cela se produise en même temps qu’un nombre croissant d’exploités tombent dans la pauvreté est déjà une injustice révoltante. Mais il y a pire : l’unique raison de l’enrichissement de quelques-uns est l’appauvrissement de la majorité des exploités. Le grand patronat, les banquiers, les actionnaires aspirent littéralement le sang des classes exploitées pour s’en repaître.
Les ministres chargés d’exécuter ce gigantesque hold-up pour le compte des riches ont le culot de philosopher sur la justice et l’équité en opposant, pour ce qui est des retraites, tantôt les travailleurs du privé à ceux de la Fonction publique, tantôt les actifs aux retraités, tantôt les hommes aux femmes, pour dépouiller en réalité tout le monde.
Pouvoir se défendre dans cette guerre des capitalistes contre les exploités commence par la conscience que cette offensive est dirigée contre l’ensemble des travailleurs. Se replier sur sa catégorie, sa profession, croire qu’on peut défendre sa peau sans les autres, voire au détriment des autres, c’est partir perdant.
Et c’est là que se situe la responsabilité des confédérations syndicales. À quoi rime leur participation à la prétendue concertation, alors que le seul objectif du gouvernement est d’obtenir la signature des directions syndicales sur des mesures dont on sait par avance qu’elles sont opposées aux intérêts des travailleurs ? Qui comptent-elles tromper en entretenant de faux espoirs ?
Plusieurs confédérations syndicales appellent à la grève pour le 10 septembre. Il faut bien sûr que celles et ceux qui ne veulent pas aller à l’abattoir sans même protester y participent. Mais le passé a amplement démontré qu’une journée de grèves sans lendemain n’est qu’un coup d’épée dans l’eau.
La gravité de la situation des travailleurs exige un plan de luttes pour se défendre face au patronat et au gouvernement. Les confédérations syndicales se préparent, les unes, à signer, les autres, à livrer un baroud d’honneur.
Sachons cependant que seule une lutte décidée, explosive, qui menace la bourgeoisie dans ses profits, dans sa fortune, peut l’empêcher de pousser le monde du travail vers la ruine. Sachons, aussi, que nous en avons la force !