dimanche 30 novembre 2025

Ukraine : Les dirigeants européens veulent leur part

 Les dirigeants européens veulent leur part

Dès la parution du document de Trump sur l’Ukraine, la « coalition des volontaires » – soit une grande partie des dirigeants européens – est montée au créneau.

Publié le 26/11/2025

La coalition a crié que son plan faisait la part trop belle à Moscou, qu’aucune paix ne pouvait se conclure en Ukraine, dans le dos de son gouvernement, et de l’Union européenne. Pour Macron, il faut « la paix, pas une capitulation ».

L’ancien président Hollande y est allé de sa déclaration sur « le plan de Trump pour l’Ukraine [qui] réduit l’Europe au rang de spectatrice assiégée ». Pour avouer crûment que, dans l’affaire, l’UE ne compte pour rien, il faut comme lui se trouver en semi-retraite forcée. Mais le problème, pour les dirigeants européens qui sont encore aux affaires, est qu’ils auraient bien du mal à reconnaître, devant leur opinion publique, qu’ils ne décident pas grand-chose. De surcroît, il leur faudrait admettre que, bon gré mal gré, ils vont devoir s’aligner sur ce que veut Washington. Autrement dit, ils vont devoir avaliser un accord dans lequel le régime ukrainien a perdu beaucoup de sa valeur dès que ses parrains américains ont trouvé à défendre leurs intérêts sans lui, voire contre lui. Et cela d’autant que le pouvoir ukrainien, qu’eux et leurs compères européens encensaient, dont ils disaient qu’on devait le soutenir à tout prix, est si affaibli par les affaires de corruption à grande échelle, que Zelensky pourrait devoir céder sa place un de ces jours. Cela pourrait être, par exemple, à son prédécesseur, le milliardaire Porochenko, qui se permet, en pleine guerre, d’appeler à la démission du gouvernement Zelensky.

En fait, les dirigeants européens sont surtout mortifiés de voir poindre un accord dans lequel ils sont les parents pauvres et où les trusts américains – et russes – se tailleront une grosse part du gâteau. Mais la diplomatie et les diplomates peuvent servir à masquer la brutalité des rapports de force, et de leur expression. Pour faire passer la pilule, et permettre aux puissances impérialistes de second rang de ne pas trop perdre la face, Trump a concédé que ses alliés pouvaient discuter de son plan, et même – il faut bien ménager leur ego – « l’améliorer ».

Les dirigeants européens et Zelensky ne tarissent donc pas maintenant de qualificatifs sur les « progrès », les « avancées » obtenues : le texte, devenu « meilleur », pourrait encore être « amélioré ». Jusqu’à ce que Trump siffle la fin de la partie ? À moins qu’il n’y voie l’occasion, en soufflant le chaud et le froid, d’obtenir… quelques concessions de Poutine, dont il pourrait se prévaloir à grands coups de trompe.

Si après cela Trump ne se trouve pas en bonne place pour le prix Nobel de la paix 2026, c’est à n’y rien comprendre. Quant aux Macron, Merz en Allemagne ou Starmer en Grande-Bretagne, ils pourront toujours prétendre qu’ils ont œuvré eux aussi à la « paix ». Mais sans oublier, tel Macron, de dire que « sans éléments de dissuasion, les Russes reviendront ». Pour qui n’aurait pas compris : il ne faudrait pas qu’un cessez-le-feu mette en péril la « commande historique » de 100 Rafale et autres engins de mort, signée par Zelensky durant sa visite à la base aérienne de Villacoublay. Pour les marchands de canons et les dirigeants impérialistes, qui sont leurs commis, la paix qu’ils préfèrent est souvent celle des cimetières.

                                                               P. L. (Lutte ouvrière n°2991)

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